Note: Avengers Endgame

Je regarde Endgame. Y a un truc que je pige pas. Spoilers obviously. Thanos a viré la moitié des gens pour sauver l'univers d'un désastre écologique. Même Captain dit qu'il voit des baleines dans l'Hudson, que l'eau est plus saine. Donc Thanos a sauvé l'univers du désastre. Tout le monde est d'accord avec ça. C'est objectivement quantifiable et le film en est pleinement conscient. Pourtant, l'objectif du film c'est de défaire tout ce qu'a fait Thanos sans s'occuper une seule seconde de ce désastre écologique.

Genre, c'est très exactement comme si mettons José Bové tuait la moitié de la planète pour la sauver du réchauffement climatique. Que tout le film consistait à ramener tout le monde, et à faire la fête en mode fuck la planète on s'en fout du réchauffement climatique. Et, je le répète, le film est CONSCIENT de ça, sinon la remarque sur les baleines de Steve ne serait pas présente. Mais à aucun moment il ne se dit "tiens et on va leur mettre le nez dans la merde". Non. Le plus gros film de l'année est une fête en faveur du désastre écolo.

Note

J'adore ma directrice de mémoire. Par contre quand elle m'écrivait « je sais pas si le livre dont je vous donne la référence se trouve encore », j'avoue que je ne m'attendais pas à ce que la BU n'ait même pas une notice POUR L'AUTEUR DU BOUQUIN.

Bon, sur trois auteurs, on en a un seul référencé ici. Ça part mal. Si je dois compter sur Amazon, j'en ai pour 85 balles en trois bouquins, dont deux électroniques… Ça va être fun de regarder le prêt inter-universitaire patauger, quand je vois que même Bordeaux ne les a pas…


Victoire ! Il y en a un dispo en lecture en ligne à l'université de @Nervia_Nocline, j'ai plus qu'à lui faire les yeux doux \o/

Note

Vous savez, il y a des trucs qui m'énervent. Généralement ce sont de mauvais arguments qui, défiant la logique, semblent acceptés par tous mes contemporains.

Un exemple est celui de l'âge de départ à la retraite. Tous les politiques qui espèrent que l'État fasse main basse sur la Sécu… pardon… qui veulent se goinfrer d'une manne socialisée qui leur échappe… ah, pardonnez-moi j'arrive pas à l'écrire : qui veulent le bien des retraités… Voilà. Donc je disais : tous les politiques qui veulent reculer l'âge de départ à la retraite d'une façon ou d'une autre avancent pour ce faire leur argument massue. L'espérance de vie a augmenté, on vit plus longtemps. Donc il faut cotiser plus, donc il faut partir plus tard à la retraite. CQFD.

Sauf que. Si l'espérance de vie a bien augmenté, l'espérance de vie en bonne santé, lui, est resté sensiblement le même depuis 1982, date à laquelle on a commencé à le calculer. Cette espérance de vie en bonne santé est définie comme le nombre d'années que l'on peut espérer vivre sans incapacité, c'est-à-dire sans être limité dans ses activités quotidiennes par un problème de santé temporaire ou permanent.

Or, et c'est assez « amusant », cet indice stagne aux alentours de 64 ans pour les femmes, 62 ans pour les hommes. Des années c'est un peu plus, des années c'est un peu moins.

Ça signifie deux choses.

La première, c'est que repousser un âge de départ après 62-64 ans c'est continuer à faire travailler des personnes qui ne peuvent physiquement plus le faire, avec les soucis que ça engendre (accidents du travail, erreurs humaines, coûts, etc.).

La seconde, c'est que même si l'on repousse ce départ à la retraite, les dépenses de retraite de la Sécu iraient de toute manière couvrir d'autres dépenses : celles de la santé. Les séniors vont pas magiquement arrêter de devenir sourds, aveugles, boiteux, tremblotants, faire des infarctus ou débuter un Alzheimer juste parce qu'on a augmenté l'âge de départ. Je prends les pire cas, mais vous saisissez l'idée.

Voilà pourquoi cet argument m'exaspère. Au moins en 2010 le gouvernement en avait un autre, qu'on a pourtant pas vu beaucoup passer : avec l'augmentation du chômage, il y a moins de cotisations. Cet argument-là a au moins le mérite de pointer une solution évidente : réduire le chômage permettrait de pallier à cette espérance de vie améliorée.

Pour la petite histoire, un mois après que le Conseil d'orientation des retraites fasse son rapport en 2010, le ministre du Travail expliquait qu'il fallait augmenter la durée de cotisation, donc repousser l'âge de départ en retraite. C'est vous dire comme les gouvernements savent à quel point réduire le chômage est mission impossible. Donc quand Pénicaud dit avoir foi en sa réforme, il est permis de douter du résultat.

Note

J'ai compris. En fait si le gouvernement fait tout pour créer la misère, c'est par pure écologie, pour sauver la planète.

Regardez : je suis pauvre, j'ai pas de voiture, je vis seul, j'ai pas d'enfant, je mange quasiment pas de viande, je recycle, je prends le train et préfère la marche au bus, je sors pas de chez moi, je consomme quasi-rien. Du coup, je suis à un quart en dessous du seuil mondial. https://www.carbonfootprint.com/calculator.aspx

« Votre bilan carbone est de 0,76 tonnes, soit 1,51 tonnes par an. Le bilan carbone moyen des personnes de France est 4,570 tonnes. La moyenne pour l'Union européenne est d'environ 6,4 tonnes. Le bilan carbone moyen dans le monde est d'environ 5 tonnes. L'objectif mondial pour lutter contre le réchauffement climatique est de 2 tonnes. »

(Seuil d'objectif mondial pour lutter contre le réchauffement climatique, pas seuil actuel, hein.)

Et encore, j'ai de la chance, j'habite l'un des pays avec une faible empreinte carbone sur l'électricité, qu'est-ce que ce serait sinon… #leNucleaireCestLeMaaaal

Bon, par contre, je suis pas certain que mettre 60 millions de personnes dans la même situation changera quelque chose lorsque l'on voit que 5 fois plus d'états-uniens produisent en moyenne 10 fois plus de CO2 que moi, hein… Je dis ça en réaction à TeamTrees, où Elon Musk a donné pour 1 million d'arbres hier, battant de fait le fondateur de Twitter avec ses quelques 150 000 arbres. Planter 20 millions d'arbres, c'est un objectif à atteindre, personne ne le niera. Si ça se réalise, il aura fallu moins d'un an pour atteindre ce qu'Ecosia aura mis 9 ans à faire. Ce qui est cool, insérez ici un passage sur la prise de conscience d'une crise écologique. Seulement, 20 millions c'est rien. Même avec une estimation sympathique, ça n'absorbera que 0,001 % du CO2 produit par an. Je sais bien que c'est pas l'objectif premier (juste un challenge pour célébrer 20 millions d'abonnés). Je dis juste que ça va pas servir à grand chose.

C'est comme regarder un grand événement social où chacun essaie de se donner bonne conscience. Je ne fais pas de procès d'intention, je pense que les participants sont sincères. Mais voilà, si l'on soustrait les serveurs, le personnel, etc. de l'équation, on pourra dire que Jack Dorsey a remboursé avec ses 150 000 arbres le CO2 émis par tous les tweets depuis près de 10 ans. Nul doute que dans 10 ans, ces 150 000 $ auront amorti l'impact de Twitter. Est-ce que cela va changer quoi que ce soit d'autre ? Pas le moins du monde.

Pourquoi ça ne va rien changer ? Retour au début de la note : si l'on veut empêcher un réchauffement global, on doit tous vivre comme moi. Pauvre, à rester chez soi en ne consommant rien. Ou bien virer les gros pollueurs, ce qui ne se fait pas par des gestes quotidiens. glhf

Note

Sinon je suis tombé sur ça : https://www.editionsladecouverte.fr/catalogue/index-La_sorcellerie_capitaliste-9782707147813.html

Ça semble n'être qu'une resucée d'anti-capitalisme primaire sur base quasi-exclusive de Deleuze et Guattari, d'inspiration Starhawk (sorcières altermondialistes), sans réelle mention d'ésotérisme.

Croyez-le ou non, pas une seule fois il n'est fait mention du fétichisme. Or, c'est prépondérant à la critique de Marx sur le capitalisme, mais également d'autres auteurs anthropologues. On voit une continuité directe entre le totem et la marchandise. Il y aurait eu toute une réflexion à mener là-dessus, sur le parallèle que crée explicitement Marx entre le capitalisme et la religion, sur l'histoire des fétichismes, pour faire véritablement du capitalisme « un système sorcier sans sorciers ».

Les quelques références à Starhawk et aux « sorcières activistes » me semblent tomber à plat au vu de ce que je sais du néopaganisme. La Wicca, réaction à l'élection de Reagan en 1980, really ?

Pareil, il y a des passages sur les hackers, façon libristes. Z'ont pas l'air de comprendre que la base du hacker n'est pas tant la libre information (et donc la lutte contre l'appropriation de communs) que la flemme. Je le dis sans connotation péjorative. La flemme peut être (et est, dans le cas du libriste) une manière de critiquer le travail salarié capitaliste. Pourquoi refaire lorsque l'on peut construire à partir de ? C'est une ode au travail mort, à l'accumulation des savoirs, ce qui devrait être couplé avec une critique du travail vivant comme voué à disparaître. Or, c'est justement, dans le cadre du libre, accompagné de valeurs de partage. Dans le libre, plus tu participes en partageant avec qualité, mieux tu es vu. Le don définit les relations sociales, ce qu'on retrouve dans les sociétés pré-capitalistes jusqu'aux sociétés de chasseurs-cueilleurs (cf. les travaux de Polanyi, Mauss et consorts). Il y avait là un « fait social total » (Mauss), un indicateur anthropologique à faire valoir pour aller plus loin que le simple « si ça se trouve c'est écosophe mais on a peur que ce soit progressiste ».

Voilà, j'ai juste feuilleté le bouquin, mais il me paraît rester bien trop en surface, sans jamais rentrer dans la difficulté des objets qu'il aborde, hormis peut-être lorsqu'il ne fait que réécrire du Deleuze.

Note

« L'arbitraire humain contraint l'âme, sans qu'elle puisse s'en défendre, à craindre et à espérer. Il faut donc qu'il soit exclu du travail autant qu'il est possible. L'autorité ne doit y être présente que là où il est tout à fait impossible qu'elle soit absente. »

— Simone Weil

« Ainsi la petite propriété paysanne vaut mieux que la grande. Dès lors, partout où la petite est possible, la grande est un mal. De même la fabrication de pièces usinées dans un petit atelier d'artisan vaut mieux que celle qui se fait sous les ordres d'un contremaître. »

C'est dans Conditions premières d'un travail non servile, dont je viens de récupérer l'epub. Ça promet un ou deux bons paragraphes dans mon mémoire.

Note

Je devais dormir… Mais vers 4h30 un connard s'arrête dans la rue et klaxonne. Une fois. Deux fois. Gueule pour appeler quelqu'un. Long klaxon sur dix secondes. J'entends des portières qui claquent. Des voix qui montent…

… mon écran d'ordi s'allume.

Le silence se fait dans l'immeuble. Habituellement on entend au moins le frigo du traiteur en bas, ou même le mien. Je regarde : mon ordinateur est sur batterie, sans réseau. Plus de courant.

Une voiture part. Plus de voix.

Je pare au plus pressé : non, rien n'a disjoncté chez moi. Je regarde par la fenêtre. Personne. Pas de lumière autour… à part les lampadaires. Je prends mon portable, je vois qu'il y a des réseaux accessibles.

Ok, est-ce que c'est juste mon appart ? Je sors sur le palier, j'essaie l'interrupteur de la lumière de l'escalier. Rien. Celle du lampadaire, par la fenêtre, me nargue.

Donc l'immeuble entier n'a plus de courant, mais pas les autres (sinon je pourrais pas accéder au FreeWifi proche).

Je me dis que c'est tout de même bizarre. Je vérifie mes mails, mais non, aucune maintenance EDF prévue. Alors quoi ?

Un clac. Un bruit sourd, celui du frigo du traiteur qui se met en marche. Un second clac, venant de mon tableau électrique. C'est bon, j'ai du courant. Une demi-heure de coupure. Autant en pleine cambrousse j'arrive à comprendre, autant en ville et limité à un seul immeuble je vois pas.

Note : vous inquiétez pas, les cyborg c'est vraiment pas pour tout de suite. Tant que les batteries dureront deux heures et qu'on sera pas fichu d'avoir un uptime de 100 % en réseau électrique… T'imagine t'es sous respirateur artificiel t'as une coupure de 30 min t'es mort.