Note

Vous savez, il y a des trucs qui m'énervent. Généralement ce sont de mauvais arguments qui, défiant la logique, semblent acceptés par tous mes contemporains.

Un exemple est celui de l'âge de départ à la retraite. Tous les politiques qui espèrent que l'État fasse main basse sur la Sécu… pardon… qui veulent se goinfrer d'une manne socialisée qui leur échappe… ah, pardonnez-moi j'arrive pas à l'écrire : qui veulent le bien des retraités… Voilà. Donc je disais : tous les politiques qui veulent reculer l'âge de départ à la retraite d'une façon ou d'une autre avancent pour ce faire leur argument massue. L'espérance de vie a augmenté, on vit plus longtemps. Donc il faut cotiser plus, donc il faut partir plus tard à la retraite. CQFD.

Sauf que. Si l'espérance de vie a bien augmenté, l'espérance de vie en bonne santé, lui, est resté sensiblement le même depuis 1982, date à laquelle on a commencé à le calculer. Cette espérance de vie en bonne santé est définie comme le nombre d'années que l'on peut espérer vivre sans incapacité, c'est-à-dire sans être limité dans ses activités quotidiennes par un problème de santé temporaire ou permanent.

Or, et c'est assez « amusant », cet indice stagne aux alentours de 64 ans pour les femmes, 62 ans pour les hommes. Des années c'est un peu plus, des années c'est un peu moins.

Ça signifie deux choses.

La première, c'est que repousser un âge de départ après 62-64 ans c'est continuer à faire travailler des personnes qui ne peuvent physiquement plus le faire, avec les soucis que ça engendre (accidents du travail, erreurs humaines, coûts, etc.).

La seconde, c'est que même si l'on repousse ce départ à la retraite, les dépenses de retraite de la Sécu iraient de toute manière couvrir d'autres dépenses : celles de la santé. Les séniors vont pas magiquement arrêter de devenir sourds, aveugles, boiteux, tremblotants, faire des infarctus ou débuter un Alzheimer juste parce qu'on a augmenté l'âge de départ. Je prends les pire cas, mais vous saisissez l'idée.

Voilà pourquoi cet argument m'exaspère. Au moins en 2010 le gouvernement en avait un autre, qu'on a pourtant pas vu beaucoup passer : avec l'augmentation du chômage, il y a moins de cotisations. Cet argument-là a au moins le mérite de pointer une solution évidente : réduire le chômage permettrait de pallier à cette espérance de vie améliorée.

Pour la petite histoire, un mois après que le Conseil d'orientation des retraites fasse son rapport en 2010, le ministre du Travail expliquait qu'il fallait augmenter la durée de cotisation, donc repousser l'âge de départ en retraite. C'est vous dire comme les gouvernements savent à quel point réduire le chômage est mission impossible. Donc quand Pénicaud dit avoir foi en sa réforme, il est permis de douter du résultat.

Vous pouvez utiliser votre blog supportant les webmentions pour répondre à cette note. Par engagement, seules les webmentions et les réponses du Fediverse sont affichées.

 Webmention
×

Puisque le web est décentralisé, vous pouvez utiliser votre propre blog supportant les webmentions ou les pingbacks pour réagir. Selon le microformat, un commentaire, un like, un bookmark ou un repost sera affiché ici. En savoir plus.

Votre blog ne supporte pas l’envoi de webmentions ou de pingbacks ? Ajoutez le lien de votre mention dans le champ ci-dessous :

Pour éviter le spam, toute mention provenant d’un domaine qui ne figure pas dans ma liste blanche ou qui n’est pas parrainée par l’un de ces domaines sera considérée comme un simple like.

×

Puisque le Fediverse est décentralisé, vous pouvez utiliser votre compte existant hébergé par un serveur Mastodon ou une plateforme compatible.

Si vous n’êtes pas connecté⋅e sur ce navigateur, copiez et collez cette URL dans le champ de recherche de votre application Fediverse préférée ou de l’interface web de votre serveur Mastodon. Sinon, cliquez sur