Note

Arte qui fait une série documentaire « Travail, salaire, profit », les retours ont pas l'air folichons et j'avoue que du peu d'extraits que j'ai vu je pense qu'on va être dans les énièmes poncifs… M'enfin on va se mettre ça en podcast pendant la lessive… https://www.arte.tv/fr/videos/RC-018077/travail-salaire-profit/

Ok, moins de 3 min dans le premier épisode et un économiste du CNRS part sur l'étymologie « tripalium » et fait une analyse moins fine que celle que je produis en un paragraphe de mémoire sur la connotation de « work ». Ça commence mal. Genre il analyse même pas le glissement qui s'est opéré entre labor et work, glissement similaire en français entre travail et activité... Et il a l'air content de lui en plus le bougre.


Supiot semble sauver le game juste après, mais je suis vraiment pas certain que le sens premier soit vraiment les peines de l'accouchement, surtout si l'on suit Meyer à ce sujet... M'enfin admettons.


Voilà, maintenant on a un économiste américain qui utilise labor. Comme quoi... Par contre tu es économiste et tu pense que les travaux ménagers ne sont pas considérés comme du travail PARCE QUE ce n'est pas payé ? Perso, et j'ai Marx derrière, je vois ça à l'inverse : ce n'est pas payé parce que ce n'est pas considéré comme du travail productif en tant qu'il ne génère pas de valeur par un procès de valorisation.


Merci Darmangeat, enfin un peu d'analyse à l'approche des 10 min.


On en est à la moitié du premier épisode. Pour le moment c'est décevant. Là on est sur du marxisme tradi qui recrache la vulgate sans avoir ou bien lu ou bien compris Marx. Je pleure. J'attends Lordon en fait.


Z'ont réussi l'exploit de mal utiliser leur Lordon, en simple transition entre deux thèmes. Je.


Épisode 2. Je hurle. D'entrée de jeu un historien de l'économie cite Marx, et sûr de lui : « Marx nous parle du travail abstrait ». Dans l'extrait cité, rien ne laisse penser qu'il s'agit du travail abstrait et non concret. Mais admettons. Là il tente une définition : « C'est du travail interchangeable, sans qualités, quelqu'un qui peut travailler à une tâche puis à une autre usine sans transition. » (emphase de moi) Ou bien il n'a strictement rien compris au travail abstrait chez Marx, et donc à l'ensemble de sa théorie (parce que c'est un peu la base de tout le reste), ou bien il n'est clairement pas capable de le vulgariser. Dans tous les cas ça aurait dû être coupé au montage ça.

Le travail abstrait, c'est l'abstraction de l'ensemble du travail qui sert à déterminer la valeur de la marchandise. C'est pas tant qu'il soit sans qualités qui importe, c'est que c'est un travail qui n'a pas d'équivalent matériel concret et qui surtout est socialement déterminé. De fait, TOUS LES TRAVAILLEURS sont soumis au travail abstrait dans leur rémunération salariale, mais AUCUN n'en produit en tant que tel. Donc TOUS LES TRAVAILLEURS sont « quelqu'un qui peut travailler à une tâche puis à une autre usine ».

Je rentrerai pas dans les détails métaphysiques mais vu que Marx reprend le concept hégélien là-dessus c'est sans doute pire que ça puisque le travail abstrait est de la métaphysique réalisée. On est loin du travailleur lambda là.

Même pas 1 min dans l'épisode et j'y vais déjà à reculons, ça promet.


Merci de ta contribution monsieur du Togo mais à partir du moment où le travail est abstrait il a une dimension sociale, donc nier qu'il y a institutionalité du travail c'est faire peu de cas de cette dimension sociale de base...


Ok donc vous êtes cinq ou six à être passés et vous avez chacun une définition différente de l'emploi. C'est cool, ça va être simple de suivre vos développements comme ça...


Mi-épisode 2, revoilà notre historien de l'économie, qui enchaîne une réflexion intéressante et juste (il y a de moins en moins de travail productif, même s'il a pas voulu dire ça et qu'il a pas dit ça comme ça) avec : « du pur travail abstrait, c'est-à-dire que n'importe qui peut le faire, comme un Powerpoint. » Mec, sérieusement, si tu as un Twitter viens nous expliquer parce que j'arrive pas à croire que tu balances de telles énormités en tant que prof agrégé et docteur en sciences économiques. Vraiment. J'veux bien que ta spécialité ce soient les classiques du XVIIIe, m'enfin là…


« On est arrivé à la forme pure du travail abstrait, c'est-à-dire du travail qui ne sert plus à rien, qui ne produit rien et finalement qui n'est seulement comptabilisé. »

Animation de The Office: « NO GOD PLEASE NO ! »


Je peux plus là. Vous savez, j'avais un problème de légitimité à traiter du travail et de l'accumulation, puisque c'est normalement le job des économistes et des sociologues. Mais là, c'est bon, j'ai compris en quoi la philosophie peut servir.

J'veux dire, partir sur l'acception commune contemporaine et, osons le dire, populaire et dévoyée de « abstrait », sans même penser que, peut-être, Marx avec une lourde formation dans l'une des philosophies les plus complexes du XIXe a pu vouloir dire autre chose… Qu'il l'a même explicité. En français. Avec supervision de la traduction française du Capital. J'veux dire… Tu es présenté comme HISTORIEN de l'économie. Qu'au XIXe siècle un terme n'ait pas le même sens que celui que lui donne la boulangère au bas de ton immeuble, ça devrait être la base. Que tu ne daignes pas même relire LE PREMIER CHAPITRE, PREMIÈRE SECTION du Capital pour t'assurer de ça, c'est un problème. Mais ne pas comprendre la théorie au point d'inventer une « forme pure du travail abstrait », c'est… J'ai même pas les mots là. Le travail abstrait est déjà une forme pure. C'est tout l'enjeu de l'abstraction. Le travail abstrait est l'une des deux formes du travail.

Je vais même pas essayer d'embrouiller les gens avec le travail concret, qui est AUSSI une abstraction, d'un autre point de vue. Les deux sont des FORMES. C'est par définition intangible. Donc nous sortir une FORME DE LA FORME, c'est absurde.


Darmangeat qui est le seul à apporter quelques analyses intéressantes, aux dépens d'un Lordon mal utilisé qu'on a laissé en roue libre rabâcher des trucs pour les couper et les insérer au petit bonheur la chance histoire de meubler…


Non, monsieur le second historien de l'économie, si le jeu continue c'est pas parce que les acteurs acceptent d'y jouer. Blame the game, not the players. On a passé le stade où le boycott servait à quelque chose. Qu'on prenne la théorie de la valeur où la valeur est un sujet automate ayant pris le monopole de la subjectivité, qu'on prenne la théorie critique où la domination est internalisée par adhésion à cause d'une raison devenue instrumentale… Chaque fois on a là les causes de l'impuissance des acteurs à arrêter l'outil qui broie.


J'arrive pas à comprendre. Vous faites six épisodes de 50 min. Vous avez un temps suffisant pour expliquer correctement les bases de Marx ; vous ne le faites pas. Vous avez un temps suffisant pour de l'analyse approfondie ; ça reste des avis d'experts guère informés. La moitié du panel vous le remplacez par disons des Youtubeurs, vous avez les mêmes morceaux d'entretiens. Donc pourquoi avoir gardé ça en les faisant tous intervenir sur un sujet qu'ils ne maîtrisent visiblement pas ? Ça n'aurait pas été plus judicieux de les laisser exposer leurs spécialités propres, quitte à les laisser « prendre l'antenne » pendant plus de deux minutes ?


J'AI TROUVÉ. En fait, cette série documentaire, c'est un colloque. Montrez-ça à vos proches qui ne savent pas ce que vous faites quand vous allez en colloque. Un truc long, plein de poncifs, pas mal chiant, dont on sort avec seulement deux-trois infos notées à l'arrache.


Alors, j'en suis qu'à la moitié de l'épisode 3. Je regarde les avis, celui-ci me semble bon dans l'ensemble : https://www.ouest-france.fr/medias/television/travail-salaire-profit-sur-arte-un-beau-sujet-rate-6565586 Les autres permettent de comprendre que cette mélasse est voulue et désirée par les auteurs, pour permettre aux téléspectateurs d'exercer un esprit critique… Libération ira pourtant jusqu'à dire que « le résultat reste ardu », « garde son aridité conceptuelle ». Alors ouais Libé, je sais, t'as pas l'habitude d'entendre des points de vue sur l'économie qui ne soient pas néolibéraux, j'avoue que ça déroute hein… Libé va plus loin encore en disant qu'il y a « un côté cours magistral » qui pourrait rebuter. C'est dingue. L'ensemble est tellement vide qu'il ne peut même pas servir de défrichage à quelqu'un qui voudrait se lancer dans Marx.


Après, il y a pas beaucoup de femmes dans leur panel, mais j'apprécie pas mal les interventions de Béatrice Cherrier qui offre des pistes en dehors d'un simple avis ou énième poncif.

Note

La prof qui fait des trans les porte-étendards du libertarisme parce que tu comprends c'est un choix individuel de vouloir changer de genre ou de sexe… Je l'ai incendié pendant 10 minutes en prenant appui sur les souffrances médicalement reconnues des dysphories de genre.

La meuf est dans une croisade contre les libertariens, et donc toute émanation possible (dont transhumanisme). J'en peux plus de passer des quarts d'heure à la recadrer à chaque cours parce qu'elle sait même pas de quoi elle parle. Un socialisme transhumaniste serait impossible parce que la technique serait trop chère ? Dit ça aux hackerspaces qui offrent des bras prothétiques à des gosses dont les familles n'ont pas les moyens…