Nocline 🌬🍂• La Bombe Humaine♅✨• (@Nervia_Nocline): "L'inconvénient surtout en philo de travailler avec un texte traduit c'est de ne pas avoir des composantes de sens, seulement la traduction admise. Il est difficile de dire sur certains passages qu'on a une traduction exacte et fidèle. L'intraduisible littéral sera perdu." / Twitter

@Nervia_Nocline Effectivement, et l'un des problèmes en philo vient des traducteur·euses qui n'ont pas nécessairement les éléments philosophiques pour appuyer leurs traductions.

Un exemple chez Kant est le couple « Lust/Unlust », qui est traduit par « plaisir/déplaisir » alors qu'il le tient de Christian Wolff, qui l'a traduit en allemand depuis Spinoza en latin « lætitia/tristitiam » (joie/tristesse). Et pourquoi on sait ça ? Parce que Spinoza fait la distinction « affectio/affectus », présente telle quelle chez Kant, et qu'on sait que Kant a lu Wolff, et que Wolff était le traducteur en allemand de la philosophie en latin. Une traduction qui donne Lust=plaisir, non seulement ça passe à côté de ça complètement (donc perte d'analyse historique sur les influences), mais ça fait qu'on pourrait penser que Kant parle d'un plaisir du corps, alors qu'il s'agit plus d'une augmentation du sentiment vital (donc perte de sens voire origine de contresens).

Blouchtika (@Blouchtika): "Il est bien connu qu'en physique, les étudiants lisent les articles d'Einstein dans le texte original en allemand." / Twitter

Sauf que ce n'est pas comparable. Lorsque la plupart des traductions offrent des contresens (cas de Kant où la traduction de « faculté de juger » a mené Derrida à voir une aporie inexistante dans le texte original), qu'on base une métaphysique sur un jeu du langage (Heidegger 😒) ou que l'on se sert de traductions qui obscurcissent le texte du Parménide de Platon parce qu'on ne l'a pas compris (Brisson nous te voyons), bah ça change beaucoup de pouvoir lire le texte dans sa version originale.

Et c'est tout ce que dit le tweet : oui tu peux faire de la philo sans grec ni latin ni allemand, mais il y a bien un avantage à connaître ces trois langues suffisamment pour ne pas voir des contradictions là où il n'y en a pas. Ça semble élitiste de le dire, je sais, mais c'est plus compliqué d'arriver à un bon niveau sans ces langues. Je n'en maitrise aucune, et je galère.

Note: Algorithmes

– Verser 0,5 L d'eau dans une casserole

– Poser la casserole sur une plaque de cuisson

– Allumer la plaque de cuisson

– Tant que l'eau ne bout pas, laisser sur la plaque allumée

– Éteindre la plaque

– Retirer la casserole de la plaque de cuisson

Ceci est un algorithme. Un algorithme basique pour transformer de l'eau froide ou tiède en eau chaude.

C'est ça un algorithme. Ça ne prend pas de décisions. C'est écrit par un humain. Donc la prochaine fois que je lis un paragraphe qui mélange allègrement robots et algorithmes en prétendant que les humains ne sont plus à la manœuvre, je tape un scandale.

Ce sont des programmes informatiques, pas de la magie. On a pas créé des golems libres de leurs actions, au contraire : les êtres humains ont méticuleusement délimité leur champ des possibles.

Note

Faut arrêter avec Derrida, les gens.

Derrida est à la philo ce que Lacan est à la psychanalyse : on a l'impression que c'est une tête et qu'il faut s'appuyer sur son boulot, mais quand tu y regardes de plus près c'est mort.

Je sens venir les flots de littéraires venus me dire que j'ai tort, que c'est parce que je comprends rien. Je vous laisse faire mumuse avec les phénoménologues.