Note

Je regarde l'intégrale de la série animée Batman pendant que je fais mon inventaire de bibliothèque… Il y a tellement de matière à mèmes c'est assez amusant.


« Vous avez donné quelques milliards et vous vous prenez pour le propriétaire ? »

Quelques. MILLIARDS.


« Je ne balance que les majordomes, Alfred. »

En VO : « I only toss butlers, Alfred. »

J'ai pas pigé où c'était censé être drôle :/


Sinon y a plein de voix qui iront dans les Simpsons après, ça fait un peu bizarre.


« Je verserai un milliard ou deux à votre fondation. »

Même Batman se fout de sa gueule.


La voix du Joker c'est celle de Doc Brown, ET C'EST LA SEULE QUI VAILLE LE COUP.


Le nom de Mr Freeze c'est Victor Fries. J'avais pas fait gaffe avant.

En VO il le prononce Victor Friz, ce qui fait le jeu de mots. En français c'est prononcé Victor Fraïze. COMME LES FRITES.


Là il y a un stagiaire qui a inversé les couleurs du logo…


Les éboueurs de Gotham en grève ! Ils réclament une prise en compte de la pénibilité de leur travail. « Vous vous rendez pas compte, les gens EMPILENT DES POUBELLES PLEINES, on ne peut pas faire nos tournées dans les temps… »


« J'ai pas eu mon augmentation, le gosse a mal aux dents, et ce soir on mange du hachis parmentier… »

QU'EST-CE T'AS CONTRE LE HACHIS PARMENTIER ?


Alfred il est amoureux ! Alfred il est amoureux !


Rares images d'un Alfred avec un chapeau de paille. Je vous laisse titrer tout ça.


Même pas sur la bouche et elle est tout chose…


« Excusez-moi, messieurs. Est-ce que vos mamans ne vous ont pas dit qu'il y a d'autres manières de faire connaissance avec une dame ?

— Et alors, qu'est-ce que tu vas nous faire ? Pan sur le cul ?

— Tout juste, abrutis ! Et voilà déjà un pruneau ! »

#HarcelementDeRue1993


« Vous dîtes qu'il y avait 20 millions de dollars dans cette mallette ? — J'espère que vous n'allez pas les retenir sur mon salaire ! »


Tiens, encore un swap color…


Outre les doublages qui changent à cinq épisodes d'écart, on a aussi les traductions mouvantes… Là, c'est pas mal, Alfred dit : « R. A. S. al Ghul ». Rien À Signaler, al Ghul -_-


« J'avais plutôt pensé que ce serait sympa d'être ensemble pour étudier… et parler… et euh…

— Et ?

— … »

Il le dira pas parce qu'il sait qu'il y a des enfants qui regardent, mais meuf tu devrais être prudente avec un type qui s'appelle Dick faisant un tel geste présomptueux.

Note

Arte qui fait une série documentaire « Travail, salaire, profit », les retours ont pas l'air folichons et j'avoue que du peu d'extraits que j'ai vu je pense qu'on va être dans les énièmes poncifs… M'enfin on va se mettre ça en podcast pendant la lessive… https://www.arte.tv/fr/videos/RC-018077/travail-salaire-profit/

Ok, moins de 3 min dans le premier épisode et un économiste du CNRS part sur l'étymologie « tripalium » et fait une analyse moins fine que celle que je produis en un paragraphe de mémoire sur la connotation de « work ». Ça commence mal. Genre il analyse même pas le glissement qui s'est opéré entre labor et work, glissement similaire en français entre travail et activité... Et il a l'air content de lui en plus le bougre.


Supiot semble sauver le game juste après, mais je suis vraiment pas certain que le sens premier soit vraiment les peines de l'accouchement, surtout si l'on suit Meyer à ce sujet... M'enfin admettons.


Voilà, maintenant on a un économiste américain qui utilise labor. Comme quoi... Par contre tu es économiste et tu pense que les travaux ménagers ne sont pas considérés comme du travail PARCE QUE ce n'est pas payé ? Perso, et j'ai Marx derrière, je vois ça à l'inverse : ce n'est pas payé parce que ce n'est pas considéré comme du travail productif en tant qu'il ne génère pas de valeur par un procès de valorisation.


Merci Darmangeat, enfin un peu d'analyse à l'approche des 10 min.


On en est à la moitié du premier épisode. Pour le moment c'est décevant. Là on est sur du marxisme tradi qui recrache la vulgate sans avoir ou bien lu ou bien compris Marx. Je pleure. J'attends Lordon en fait.


Z'ont réussi l'exploit de mal utiliser leur Lordon, en simple transition entre deux thèmes. Je.


Épisode 2. Je hurle. D'entrée de jeu un historien de l'économie cite Marx, et sûr de lui : « Marx nous parle du travail abstrait ». Dans l'extrait cité, rien ne laisse penser qu'il s'agit du travail abstrait et non concret. Mais admettons. Là il tente une définition : « C'est du travail interchangeable, sans qualités, quelqu'un qui peut travailler à une tâche puis à une autre usine sans transition. » (emphase de moi) Ou bien il n'a strictement rien compris au travail abstrait chez Marx, et donc à l'ensemble de sa théorie (parce que c'est un peu la base de tout le reste), ou bien il n'est clairement pas capable de le vulgariser. Dans tous les cas ça aurait dû être coupé au montage ça.

Le travail abstrait, c'est l'abstraction de l'ensemble du travail qui sert à déterminer la valeur de la marchandise. C'est pas tant qu'il soit sans qualités qui importe, c'est que c'est un travail qui n'a pas d'équivalent matériel concret et qui surtout est socialement déterminé. De fait, TOUS LES TRAVAILLEURS sont soumis au travail abstrait dans leur rémunération salariale, mais AUCUN n'en produit en tant que tel. Donc TOUS LES TRAVAILLEURS sont « quelqu'un qui peut travailler à une tâche puis à une autre usine ».

Je rentrerai pas dans les détails métaphysiques mais vu que Marx reprend le concept hégélien là-dessus c'est sans doute pire que ça puisque le travail abstrait est de la métaphysique réalisée. On est loin du travailleur lambda là.

Même pas 1 min dans l'épisode et j'y vais déjà à reculons, ça promet.


Merci de ta contribution monsieur du Togo mais à partir du moment où le travail est abstrait il a une dimension sociale, donc nier qu'il y a institutionalité du travail c'est faire peu de cas de cette dimension sociale de base...


Ok donc vous êtes cinq ou six à être passés et vous avez chacun une définition différente de l'emploi. C'est cool, ça va être simple de suivre vos développements comme ça...


Mi-épisode 2, revoilà notre historien de l'économie, qui enchaîne une réflexion intéressante et juste (il y a de moins en moins de travail productif, même s'il a pas voulu dire ça et qu'il a pas dit ça comme ça) avec : « du pur travail abstrait, c'est-à-dire que n'importe qui peut le faire, comme un Powerpoint. » Mec, sérieusement, si tu as un Twitter viens nous expliquer parce que j'arrive pas à croire que tu balances de telles énormités en tant que prof agrégé et docteur en sciences économiques. Vraiment. J'veux bien que ta spécialité ce soient les classiques du XVIIIe, m'enfin là…


« On est arrivé à la forme pure du travail abstrait, c'est-à-dire du travail qui ne sert plus à rien, qui ne produit rien et finalement qui n'est seulement comptabilisé. »

Animation de The Office: « NO GOD PLEASE NO ! »


Je peux plus là. Vous savez, j'avais un problème de légitimité à traiter du travail et de l'accumulation, puisque c'est normalement le job des économistes et des sociologues. Mais là, c'est bon, j'ai compris en quoi la philosophie peut servir.

J'veux dire, partir sur l'acception commune contemporaine et, osons le dire, populaire et dévoyée de « abstrait », sans même penser que, peut-être, Marx avec une lourde formation dans l'une des philosophies les plus complexes du XIXe a pu vouloir dire autre chose… Qu'il l'a même explicité. En français. Avec supervision de la traduction française du Capital. J'veux dire… Tu es présenté comme HISTORIEN de l'économie. Qu'au XIXe siècle un terme n'ait pas le même sens que celui que lui donne la boulangère au bas de ton immeuble, ça devrait être la base. Que tu ne daignes pas même relire LE PREMIER CHAPITRE, PREMIÈRE SECTION du Capital pour t'assurer de ça, c'est un problème. Mais ne pas comprendre la théorie au point d'inventer une « forme pure du travail abstrait », c'est… J'ai même pas les mots là. Le travail abstrait est déjà une forme pure. C'est tout l'enjeu de l'abstraction. Le travail abstrait est l'une des deux formes du travail.

Je vais même pas essayer d'embrouiller les gens avec le travail concret, qui est AUSSI une abstraction, d'un autre point de vue. Les deux sont des FORMES. C'est par définition intangible. Donc nous sortir une FORME DE LA FORME, c'est absurde.


Darmangeat qui est le seul à apporter quelques analyses intéressantes, aux dépens d'un Lordon mal utilisé qu'on a laissé en roue libre rabâcher des trucs pour les couper et les insérer au petit bonheur la chance histoire de meubler…


Non, monsieur le second historien de l'économie, si le jeu continue c'est pas parce que les acteurs acceptent d'y jouer. Blame the game, not the players. On a passé le stade où le boycott servait à quelque chose. Qu'on prenne la théorie de la valeur où la valeur est un sujet automate ayant pris le monopole de la subjectivité, qu'on prenne la théorie critique où la domination est internalisée par adhésion à cause d'une raison devenue instrumentale… Chaque fois on a là les causes de l'impuissance des acteurs à arrêter l'outil qui broie.


J'arrive pas à comprendre. Vous faites six épisodes de 50 min. Vous avez un temps suffisant pour expliquer correctement les bases de Marx ; vous ne le faites pas. Vous avez un temps suffisant pour de l'analyse approfondie ; ça reste des avis d'experts guère informés. La moitié du panel vous le remplacez par disons des Youtubeurs, vous avez les mêmes morceaux d'entretiens. Donc pourquoi avoir gardé ça en les faisant tous intervenir sur un sujet qu'ils ne maîtrisent visiblement pas ? Ça n'aurait pas été plus judicieux de les laisser exposer leurs spécialités propres, quitte à les laisser « prendre l'antenne » pendant plus de deux minutes ?


J'AI TROUVÉ. En fait, cette série documentaire, c'est un colloque. Montrez-ça à vos proches qui ne savent pas ce que vous faites quand vous allez en colloque. Un truc long, plein de poncifs, pas mal chiant, dont on sort avec seulement deux-trois infos notées à l'arrache.


Alors, j'en suis qu'à la moitié de l'épisode 3. Je regarde les avis, celui-ci me semble bon dans l'ensemble : https://www.ouest-france.fr/medias/television/travail-salaire-profit-sur-arte-un-beau-sujet-rate-6565586 Les autres permettent de comprendre que cette mélasse est voulue et désirée par les auteurs, pour permettre aux téléspectateurs d'exercer un esprit critique… Libération ira pourtant jusqu'à dire que « le résultat reste ardu », « garde son aridité conceptuelle ». Alors ouais Libé, je sais, t'as pas l'habitude d'entendre des points de vue sur l'économie qui ne soient pas néolibéraux, j'avoue que ça déroute hein… Libé va plus loin encore en disant qu'il y a « un côté cours magistral » qui pourrait rebuter. C'est dingue. L'ensemble est tellement vide qu'il ne peut même pas servir de défrichage à quelqu'un qui voudrait se lancer dans Marx.


Après, il y a pas beaucoup de femmes dans leur panel, mais j'apprécie pas mal les interventions de Béatrice Cherrier qui offre des pistes en dehors d'un simple avis ou énième poncif.

Note

La prof qui fait des trans les porte-étendards du libertarisme parce que tu comprends c'est un choix individuel de vouloir changer de genre ou de sexe… Je l'ai incendié pendant 10 minutes en prenant appui sur les souffrances médicalement reconnues des dysphories de genre.

La meuf est dans une croisade contre les libertariens, et donc toute émanation possible (dont transhumanisme). J'en peux plus de passer des quarts d'heure à la recadrer à chaque cours parce qu'elle sait même pas de quoi elle parle. Un socialisme transhumaniste serait impossible parce que la technique serait trop chère ? Dit ça aux hackerspaces qui offrent des bras prothétiques à des gosses dont les familles n'ont pas les moyens…

Note

Perelman, The Invention of Capitalism, p. 17

Avant la révolution industrielle, les paysans arrivaient à subvenir à leurs besoins avec un tiers de congés et jusqu'à la moitié de la production qui part en rentes et taxes.

En 1840 on compte une année de 200 jours de travail chez les paysans irlandais. (Ibid.)

Et en France (ibid., p. 18) :

Donc ouais ça me fait pas mal rire les gueulantes sur les 35h ou les comparaisons foireuses (et fausses) sur les jours fériés de nos voisins européens, mais on a de la chance, on aurait pu être le pays de la semaine de 9 jours de travail...

Note

Alors en fait le séminaire sur le transhumanisme c'est pas un séminaire sur le transhumanisme mais sur les différents types de discours sur l'avenir à partir du concept d'anthropocène. Le climatosceptique y est analysé de la même manière que l'écomoderniste ou le collapsologue. Et c'est plutôt bienvenu, un peu de nuance à l'ère du ON VA TOUS MOURIR. Je ne me sens bien que lorsque je peux voir la société comme l'on observe une fourmilière, en me disant « mais putain qu'est-ce qu'on est con dans la vie de tous les jours ».

Note

Par contre, ça fait deux articles intéressants que je lis aujourd'hui, tous deux mentionnaient une guerre des classes. Je comprends parfaitement ce besoin de recentrer sur les classes à l'heure où l'on voudrait les effacer. Il ne faut toutefois pas perdre de vue que les luttes de classes ont surtout eu lieu à l'intérieur du capitalisme, non pour en sortir mais comme conflits internes. Le mouvement ouvrier s'est battu pour des idéaux profondément capitalistes, et à de rares exceptions n'a pas pensé une sortie du capitalisme. J'en veux pour preuve que la question principale est celle de la distribution des richesses lorsqu'elle devrait être celle d'une disparition du travail.

C'est un problème profondément enraciné dans le mouvement ouvrier/prolétaire, depuis ses débuts : l'Internationale oppose explicitement les « oisifs » qui « dévalisent le travail » aux « travailleurs » qui sont, eux, « des hommes ». Le travail y est perçu comme relevant de la nature profonde de l'être humain, ce qui le distingue de parasites qui le domine… alors que la semaine de 35h est déjà plus de travail que n'en était imposé aux serfs et aux esclaves des temps jadis.

La lutte des classes, c'était un beau projet, mais ça ne sort pas du capitalisme, il faut penser autre chose. Le problème n'est même pas qu'il y ait des classes. Le problème, c'est la nature expansionniste du capitalisme doublé d'un fétichisme de la marchandise.

Qu'une croissance infinie dans un monde fini soit impossible, on le savait depuis au moins Podolinsky. C'est là la première aberration physique et la démonstration mathématique du capitalisme. Le système même, auquel travailleurs comme capitalistes participent autant, sont tous les deux tout autant responsables si vous voulez distribuer des points, est un monstre. Alors peu importe que le rapport de force soit en faveur de l'un ou de l'autre parti.

Le second point, c'est la contradiction fondamentale du capitalisme : le fétichisme de la marchandise, elle-même cellule germinale de la société. Parce que la marchandise qui s'échange (que ce soit le café que vous achetez au distributeur ou la force de travail que vous vendez en embauchant après ledit café) est fondamentalement unité de deux déterminations contradictoire, il faudrait en sortir.

Je veux dire : vous avez l'impression que ce café ne vaut pas les 50 centimes que vous y mettez. Parce que concrètement ça vaut pas 0,62 % du temps que vous allez travailler aujourd'hui. Vous attribuez une propriété à ce café, alors que sa valeur n'est pas indexée dessus. Sa valeur n'est même pas indexée sur la succession de coûts qu'engendre les différents travaux pour le placer dans vos mains (de la production des graines au design des gobelets en plastique). Non. Elle est indexée sur ce que la société juge comme temps de travail raisonnable pour produire ce café. Du travail abstrait socialement déterminé basant la valeur d'un travail privé concret, que l'on accepte volontiers comme travail privé. Elle est là la contradiction.

Est-ce que les théoriciens de la lutte des classes disent quoi que ce soit sur un quelconque travail abstrait ? Non, c'est jeté aux oubliettes, ce sont des restes métaphysiques d'un Marx trop hégélien… alors que c'est essentiel. Sans comprendre ça, on ne peut comprendre la société marchande capitaliste, les rapports sociaux qui s'y déroulent. On s'y intéresserait, on verrait que s'attaquer à l'argent ne sert pas à grand chose ; une société saine peut faire usage d'argent. C'est au travail qu'il faut s'attaquer, et à la façon dont on détermine la valeur du travail concret.

Bref, le gros du boulot n'est pas dans la lutte des classes, mais dans une critique du travail. Parler de lutte des classes, c'est bien, mais ça ne nous fera pas sortir du désastre social et écologique qu'est le capitalisme, tout au mieux cela ne fera qu'en diminuer (un peu) l'impact… à court terme.

J'veux dire : vous vous êtes jamais demandé comment on est passé du PCF plus gros parti de France à la mentalité selon laquelle les plus défavorisés et exploités étaient des parasites qui volent l'argent de l'honnête travailleur ? Et cela en seulement une décennie, max ? C'est bien beau de tirer sur « Mittrand », le PS ou insérer ici votre cible favorite, mais c'est p'tet qu'à la base la gauche anticapitaliste a oublié de parler de solidarité, de l'oisiveté comme nécessaire et comme but, bref a oublié de construire une alternative.

Il s'agit pas de dire que la droite c'est mieux, il s'agit simplement de faire son auto-critique et d'essayer d'avancer dans une direction qui ne favorisera pas la structure qui nous broie (et non les masques de cette structure comme on le fait si souvent).