Maxime Sbaihi (@MxSba): "Baisser le temps de travail? Au-delà du débat, les chiffres: en France, il a été divisé par 2 en 150 ans !…" / Twitter

Hum.

(Michael Perelman, The Invention of Capitalism, Durham & Londres, Duke University Press, 2000, chap. 1, p. 17. Sur le cas français, voir page suivante, notamment l'idée géniale de la semaine de 10 jours de la Révolution…)

(Marshall Sahlins, Stone Age Economics, Chicago & New York, Aldine Atherton Inc., 1972, chap. 1, p. 35.)

Oh, c'était pour dire qu'on travaille moins par personne depuis 1870 ? Bah déjà à cette époque le temps de travail était artificiellement trop élevé. Résumé de Sahlins chez Anselm Jappe, Les aventures de la marchandise, Paris, La Découverte, 2017, chap. 5, p. 235 à 240. Extrait :

André Gorz, Métamorphoses du travail, Paris, Éditions Galilée, 1988, partie I, chap. 1. Extrait p. 43 de la réédition poche Gallimard de 2004 :

Tout le problème des manufactures puis des industries était d'obliger les travailleurs à bosser plus, parce qu'ils se barraient une fois leur croûte acquise. Ils ne connaissaient que la catégorie du « suffisant ». Parmi les artifices pour augmenter les heures de travail, donc, l'abaissement du salaire, un ensemble normatif prescriptif, un devoir de travailler inscrit dans la Constitution depuis la toute première, et même le système carcéral comme réintégration au travail des déviants.

Michel Foucault, Surveiller et punir, Paris, Gallimard, 1975, partie IV, chap. 1, point 2, p. 243 et suivantes.

Donc je veux bien qu'on dise que l'on travaille moins qu'en 1870 et que c'est grâce au capitalisme (si on entend par là sa logique d'accumulation des forces productives), mais faut admettre en même temps :

  1. C'est justement sa logique d'accumulation qui nous force à travailler.
  2. C'est bien à cause du capitalisme qu'on travaillait autant en 1870.
  3. C'est donc bien à cause du capitalisme qu'on se retrouve dans une société qui pousse à la consommation de denrées qui paraîtraient inutiles voire insultantes à nos ancêtres.

Sur le dernier point, voir Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l'économie politique, Genève, Emmanuel du Villard, 1758.

Décidément, plus les polémistes de Génération Libre l'ouvrent sur ces sujets, et plus ils démontrent leur impéritie.


Mince je viens de citer Foucault. cherche comment faire référence à Darwin pour rétablir l'équilibre

Note

« Ce sont [...] les forces de l'ordre légitime qui font la loi dans notre pays. » En fait on pensait que Darmanin suivait mal la pensée de Max Weber, mais c'est celle de Walter Benjamin, pourtant proche des anarchistes, qui transparaît...

Bien sûr, cela implique qu'il existe bien une violence policière qui, du coup, conserve le droit (violence généralement dite légitime) et le fonde (« faire la loi »). C'est bien parce que le droit (donc l'État) veut conserver le monopole de l'usage de la violence qu'il en use.

Spanish civil servant skips work for 6 years to study Spinoza - Jewish Telegraphic Agency

Un fonctionnaire espagnol aurait touché son salaire pendant au moins six ans sans travailler, utilisant ce temps libre pour devenir un spécialiste de l'œuvre du philosophe juif Baruch Spinoza, selon les médias espagnols. Le mois dernier, un tribunal de Cadix, dans le sud de l'Espagne, a condamné Joaquin Garcia, 69 ans, à une amende d'environ 30 000 dollars [27 000 euros], a rapporté le site d'information euronews.com la semaine passée. Le motif : défaut de présence à son poste au sein de la compagnie de la ville (Aguas de Cadiz), où il était employé comme ingénieur depuis 1996. Son absence a été remarquée pour la première fois en 2010, le jour où il était attendu pour se voir remettre une médaille en récompense de ses années de service. Le maire adjoint Jorge Blas Fernandez a ouvert une enquête qui a révélé que Garcia n'avait pas été aperçu au bureau depuis six ans. Contactés par le quotidien El Mundo, des sources anonymes proches de Garcia ont affirmé que, pendant tout ce temps, il s'est consacré à l'étude des écrits de Spinoza, un Juif hérétique né à Amsterdam au XVIIe siècle. L'une des personnes citées a expliqué que Garcia était devenu expert des œuvres du philosophe, mais a nié les allégations selon lesquelles il ne se présentait jamais au travail, certifiant qu'il y faisait des apparitions sporadiques.

Note

Ça fait un moment que le tract d'Étienne Klein me titille (pas le temps de le lire avant fin août de toute manière). Je le veux en papier, pour deux raisons :

  1. Voir le « nouveau » format de Gallimard, s'il y a des choses à en tirer.
  2. Le prix de l'epub est le même.

Prix du fascicule : 3,90 €. Ok. Quelles sont les options ? Gallimard les liste sur sa page : http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Tracts/Le-gout-du-vrai

  • Amazon : pas en stock, faudra passer par des libraires indépendants avec 4 € de frais de port.
  • Cultura : pareil, ou retrait en magasin à 3 € (wtf)
  • Decitre : mêmes frais de port ou retrait gratuit en librairie.
  • LesLibraires : colissimo à 6 € ou retrait en librairie.

Ok, sachant que la librairie la plus proche est à 20 min de bus, on est sur du frais de port similaire, sauf que c'est moi le porteur. Reste la Fnac. Qui force à mort sur le retrait en magasin (pareil, 20 min de bus), au point que t'as pas l'impression de pouvoir te faire livrer. Il y a rien sur la page qui offre cette option, j'ai failli abandonner.

Mais en fait faut VALIDER la commande pour ensuite choisir la livraison. Et là, effectivement, la livraison est à 1 centime d'euro.

Me voilà donc à devoir acheter dans une enseigne dont je n'aime pas les pratiques commerciales plus que douteuses :

Donc je me pose la question : c'est quoi ce bazar ? Parce que de ce que je vois, le tract en question c'est 16 feuilles A4 pliées en deux et agrafées. Que ça coûte autant, à la limite pourquoi pas, au pire ça donne un bon exemple d'une chaîne de valorisation capitaliste imbécile. Mais qu'un truc aussi simple – qui s'envoie en lettre suivie pour 2 € et qui s'apparente à ces dossiers qui s'échangent par milliers chaque jour dans les administrations publiques comme privées – demande plus que son prix pour faire les quelques kilomètres qui le sépare du lecteur final, après avoir parcouru toute la chaîne de distribution, tout cela dans une période de crise écologique et sanitaire… Il y a que moi qui trouve ça délirant ?

Je dis pas tout ça pour me plaindre du prix final. Mais regardez comme un objet aussi basique suffit à révéler la complexité du système du livre, son inertie et parfois son absurdité face aux enjeux contemporains. Pour un tract qui se veut « de crise », c'est ironique.

Parce que oui, Gallimard aurait pu mettre six clampins à fourrer des enveloppes toute la journée (je l'ai fait, je dénigre pas), mais ça aurait court-circuité les distributeurs et les librairies. Pareil, on aurait pu penser un système en réseau digne du nouvel esprit capitaliste, avec de l'impression à la demande dans de petites imprimeries locales qui se chargent d'envoyer en lettre suivie. La simplicité du format permet cette disposition. Mais encore une fois, c'est toute la structure qui est mise à mal, et ça passerait pas au niveau de l'un des intermédiaires historiques de l'édition. Alors on continue comme avant, mais sur du papier recyclé attention !

Donc j'en veux pas à Gallimard. Comme j'en veux pas aux librairies, petites ou grosses, qui ne peuvent livrer qu'à un certain prix.

Mais voyez, vous pouvez avoir les meilleures raisons au monde, le résultat est le même : il aurait été plus simple, moins coûteux sur tous les plans, et largement plus avantageux financièrement pour lui que je demande directement à Klein sa copie pour l'imprimer chez moi. Même si ce n'est l'intention de personne dans cette affaire, le couperet est assez sec : tout cela a rendu la transmission d'une pensée plus ardue et moins directe. Des barrières ont été érigées sur l'accès à un savoir, contribuant à rendre toujours plus prégnante la force de ce titre : La vérité est derrière un paywall, mais les mensonges sont gratuits. Peut-être est-ce cela, également, qui participe au goût du vrai. https://www.currentaffairs.org/2020/08/the-truth-is-paywalled-but-the-lies-are-free/


Lu dans le train. Sur le fond, c'est une réorganisation de sa conf de février 2019 : https://www.youtube.com/watch?v=b7ScsY9jStw

Du coup l'avoir écoutée avant en faisant la vaisselle était pas la meilleure des idées, vu qu'on y retrouve presque tout, jusqu'aux citations.

Il y a quelques points qui sont plus élaborés dans l'un ou dans l'autre. Est-ce que ça veut dire que ça ne sert à rien de lire Le goût du vrai ? Non. C'est un bon tract à relire de temps en temps lorsque l'on vient à tort vous accuser de scientisme.

Sur la projection dans l'avenir, c'était un thème de son dernier passage chez Thinkerview. Le relier à Nietzsche est effectivement intéressant et offre une perspective de travail aux esprits scientifiques.

Les quatre biais présentés au début sont à garder en tête, limite chaque fois que vous vous exprimez (en tout cas c'est ce que je m'efforce de faire, à des degrés divers, depuis ma plus tendre enfance).

La fin est convenue, mais si ça permet aux critiques de Descartes d'aller lire Descola, ce sera pas un mal.

Il y a beaucoup plus à en dire. Du tract comme de la conférence. Mais ce sera pour une autre fois.


Bon, on peut ajouter cette conférence sur l'avenir pour avoir un panorama plus large de ce qui est abordé ici : https://www.youtube.com/watch?v=LF6ZxiBN4Ek

Sordissimes (@Sordissimes): "Souvenirs émus de la fois où @_yomli a passé 3h à s'arracher les cheveux en raison d'une note de traduction de Nietzsche…" / Twitter

Cette année, covid oblige, la recherche se fait principalement sur des sources électroniques. Entre les epub qui n'ont pas de numérotation de page, les « source : Insee », les paywalls par chapitre, les scans sans OCR, etc. il y a de quoi s'amuser tous les jours.