🌙 (@smol_kan): "Hey les développeu•rs•ses si un jour vous devez faire une app pour les règles ce serait hyper sympa de ne pas faire par defaut une app avec un design tout rose…" / Twitter

Periodical, disponible sur le Play Store et F-Droid. https://play.google.com/store/apps/details?id=de.arnowelzel.android.periodical

Logiciel libre donc pour les prises d'hormones suffit de demander ou de forker https://github.com/arnowelzel/periodical/issues?q=is%3Aopen+is%3Aissue

Pèse 3 Mo, pas genré et design noir on ne peut plus basique.

Cory Doctorow (@doctorow): "In case you're wondering: the #EU just voted to impose filters on all the text, audio, photos, videos, etc you might post…" / Twitter

Donc hier l'UE a voté pour la fin du web tel qu'on le connaît. Beaucoup de simples utilisateurs du web n'arrivent pas à comprendre l'enjeu, ou en minimisent les conséquences. C'est que vous avez été biberonnés à Facebook et YouTube comme vos darons à la télé.

Sur l'article 11 et le droit voisin de la presse, effectivement en tant que simples consommateurs passifs vous ne verrez pas grand chose. Reste qu'il est amusant de voir que le point de vue de Cavada est omniprésent dans les journaux quand celui-ci dénonce un lobbying des Gafam. Parce que c'est bien beau de se plaindre des méchants bots qui agrègent du contenu de presse sans respect pour les données personnelles pour se goinfrer de publicité, mais quand ton site est tellement bourré de pub et de trackers qu'il illumine uBlock de mille feux...

Perso j'appelle ça se foutre de la gueule du monde. Vous êtes tous là à cracher sur Google et Facebook, mais c'est bien vous qui avez fait en sorte qu'ils grandissent. Et étrangement vous revenez en rampant quand l'un d'eux menace de vous couper l'accès comme vous l'aviez demandé (cf. France, 2012).

Les Gafam n'ont pas besoin de vous. Vous avez cruellement besoin d'eux, surtout à l'heure où votre modèle repose sur les titres putaclic, la paraphrase de l'AFP et le financement public. Donc c'est tout de même pas mal con de se plaindre de géants du web qui vous envoient du traffic, en les accusant de voler vos revenus alors que vous vous prostituez chez eux et qu'au vu des pubs et trackers que vous installez ils ont tout intérêt à vous envoyer du trafic...

J'veux dire, vous en êtes à quel niveau de dissonance cognitive ou d'incompréhension de votre profession pour en arriver à bâtir des argumentaires pareils ?

Cela ne touchera pas les consommateurs, pour le moment. Par contre sourcez un article, ou tenez un Shaarli et là...

Créez du web plutôt que servir des plateformes et vous êtes pénalisés. Voilà la leçon.

Et c'est pire pour l'article 13. Le filtrage du contenu à l'upload. On passe de la suppression de contenu copyrighté a posteriori à un modèle a priori comme le Content ID de YouTube.

Encore une fois, quand vous avez été biberonnés à Facebook, YouTube et Twitter vous voyez pas le problème. Ça se résume, pour vous, à des cas spécifiques de suppression de chants d'oiseaux ou de morceaux de Bach au piano. Le problème il est multiple. D'une part la technologie n'est pas au point (il y aura toujours des faux positifs), d'autre part des ayants droits frauduleux ça existe (Sony qui dit avoir les droits sur Bach, je passe le nombre de soucis sur YouTube). Tout ce qui relève du légal défini par le contexte passe à la trappe. Quand l'INA bloque des vidéos de 20 minutes pour 10 secondes d'extraits à but d'illustration, de commentaire ou d'information...

Tout ce qui est mème et parodie risque d'être supprimé avant même la mise en ligne.

Mais au-delà de cela, comme la technologie n'est pas au point, au mieux elle se contourne aisément, au pire elle oblige les petites plateformes à fermer. Mettons que vous vouliez créer un site de petites annonces. Vous avez un script d'upload de photo, ça vous prend 10 lignes de codes et c'est gratuit. Si on vous signale que telle photo est sous copyright, vous la supprimez et voilà. Pas compliqué et vous gagnez un peu de thune. Maintenant, avec ce filtrage a priori, vous allez devoir vérifier à chaque upload de photo qu'elle n'est pas sous copyright. Soit vous montez votre propre liste noire, soit vous achetez une licence à une entreprise spécialisée là-dedans. Vous êtes trop petit ? Vous fermez.

Comme ce filtrage s'applique à tout type de contenu, je vous laisse imaginer le bordel. Les petites entreprises ou associations qui n'ont pas les moyens techniques ou financiers de vérifier le contenu a priori mettent la clé sous la porte ou passent dans l'illégalité.

Comme dit précédemment, si vous êtes simple consommateur du web ça va pas changer grand chose. Vous pourrez pas mettre cet avatar, poster ce gif sur Twitter ou cette photo sur Instagram. Par contre, dès que vous êtes créateur c'est marre. Les grandes plateformes ont déjà ce genre de filtrage ou ont les moyens de le mettre en place, ça ne changera rien. Ce sont les petites qui vont morfler, celles qui ne dégagent pas de bénéfices suffisants. Une barrière à l'entrée supplémentaire.

Un résumé assez complet de l'idiotie qu'est cet article 13 : https://signal.eu.org/blog/2018/06/15/la-directive-copyright-et-le-problematique-article-13/

Créez du web plutôt que servir des plateformes et vous êtes pénalisés. Voilà la leçon. Lorsque les opposants, Tim Berners-Lee en tête, parlent de mort du web, ce n'est pas aux grandes plateformes et à leurs consommateurs qu'ils font référence, mais à tous les autres qui font le web.