C'te cours où j'ai l'impression d'être tout petit à pas réussir à prendre des notes, à ne pas avoir toute la culture philosophique (du médiéval) qu'il faudrait... C'est passionnant mais foisonnant et rapide, faut s'accrocher. La phénoménologie d'Heidegger c'est simple à côté. Par contre, c'est plein de petites anecdotes dont je suis friand.
Genre toute la philosophie scolastique s'est bâtie sur le seul bouquin d'Aristote qu'ils avaient récupéré : l'Organon. Et encore, pas tout l'Organon, juste les parties traduites en latin par Boèce. Et quelques doxographies latines. Bref QUE DU LATIN ON VOUS DIT NON MAIS. Imaginez qu'à l'époque ça a besoin d'avoir les outils intellectuels pour justifier les pires trucs invraisemblables de la chrétienté (c'est d'ailleurs Boèce qui va développer le concept de persona pour résoudre la Trinité). Et ça le fait à cloche-pied une main dans le dos.
Bref. Si on a pu récupérer les textes d'Aristote, c'est principalement grâce aux traductions commentées en arabe d'Averroès, qui avait tous les bouquins en syriaque. Traductions qui vont exploser dans le monde chrétien, et faire exploser le monde chrétien. Parce que quand tu as des textes d'Aristote qui contredisent des interprétations centenaires d'autres passages d'Aristote, notamment sur le rapport au corps et à la nature, bah voilà.
Génie. Tout ça pour dire que ces ouvrages en arabe, ils ont pas attendu sagement en Andalousie. Les califats andaloux abritaient des communautés chrétiennes et juives, ces derniers entreprenant des traductions en latin avec les commentaires d'Averroès. Tous ? Non. Averroès rageait de ne pas avoir les Politiques, aux mains d'un de ses ennemis qui entreprenait une traduction. Qu'à cela ne tienne, il traduit La République de Platon, et insère dans son commentaire ce qu'il voulait mettre dans son commentaire d'Aristote. On aura finalement une traduction latine des Politiques, beaucoup plus tardivement, commandée par Thomas d'Aquin à Guillaume de Moerbeke, qui va aller chercher la version grecque cette fois-ci.