Ζευς ♃💫~Nocline~✨~🐾♎ sur Twitter : "#LRT On est en train de faire tout le contraire de ce que Cyrulnik a tenté de porter devant Sarkozy il y a des années pour les petites classes et des conceptions de Jacquart dans les années 90. Le savoir doit être élargi dans une compréhension globale de l'individu, et non par"

Le problème est plus profond encore, c'est limiter son champ de vision que de penser cette transition comme seulement « former des individus pour un travail ». Le problème vient de la conception même du travail, en amont, et c'est bien pourquoi on ne peut infléchir cette transition en aval.

Je m'explique, en reprenant les dernières pages de Henri Arvon (La philosophie du travail, PUF, 1960) : « Le loisir ne s'oppose au travail technique que dans la mesure où celui-ci prétend à lui seul libérer l'homme. […] S'il est vrai que l'homme conquiert la nature par son travail, sa liberté ne s'y épuise pas. La nature est un piège qui lui est tendu. Au-dessus d'elle s'élève le royaume de la beauté et de la vérité qui recèle les mystères de la vie. La grandeur du loisir est d'y donner accès à tous. Pour définir le mot loisir, on a coutume de partir de sa racine latine licet qui exprime la liberté de faire ce que l'on veut. Ne vaut-il pas mieux rappeler que les Grecs le nommaient scholé, mot qui en français a donné le terme d'école, et que le mot latin ludus a le double sens de jeu et d'école ? »

Le problème principal est bien cette conception du travail comme libération, que l'on entend dans tous les discours politiques depuis des décennies, et plus encore cette prétention du travail à être l'unique épuisement de la liberté, en une vue totalisante. Ce n'est donc pas étonnant que sur le terrain de l'école cette conception se heurte à celle du loisir, étymologiquement plus proche, conceptuellement plus à même d'y recueillir la liberté, et historiquement dernier bastion de l'activité de l'esprit. Le travail emprisonne l'esprit, voire l'annihile, le loisir le libère.

Si l'on veut préserver une école libre formant des citoyens libres, c'est à la conception erronée du travail, et aux conditions dans lesquelles s'exerce ce dernier qu'il faut s'attaquer. Remettre du loisir au cœur du travail, ne plus les opposer comme deux objets extérieurs l'un à l'autre mais les réunir. Là, le travail perdrait son caractère aliénant, mais également il ne serait pas besoin de détruire l'école.

C'est, somme toute, une philosophie sociale de l'otium que j'esquisse ici à grands traits, et je ne veux pas être pris dans un effet de grossissement qui consisterait à dire qu'en réglant la question du travail on règlerait tous les maux de la société, mais ce n'est pas loin. Les questions politiques de la forme de gouvernement, d'un modèle juste (république ? démocratie participative ? monarchie ? élection ?) passent aisément au second plan ici. Que m'importe d'être en monarchie si je suis libre et même, comme le rappelle La Boétie, si je suis plus libre à mesure que je suis éloigné du tyran dans la hiérarchie ? Réglons le problème du travail, de sorte d'avoir, pour reprendre la formule de Nietzsche, les deux tiers de la journée pour soi-même, il sera bien temps à ce moment-là de penser l'abolition de la monarchie républicaine, l'instauration de la VIe République, la dictature du prolétariat ou que sais-je.

Le problème, c'est que cette question du travail est depuis si longtemps hors-débat public qu'elle n'est même plus un tabou ; elle n'existe tout simplement plus. Jadis, syndicats comme marxistes avaient le mérite de la faire exister (maladroitement la plupart du temps, mais elle était présente). À présent, on se contente de questions de gestion du travail : coût du travail, diminution ou augmentation des salaires et cotisations, etc. On veut récupérer sur la fraude fiscale sans jamais évoquer l'idée toute bête qu'au lieu de récupérer ce qui nous est dû on pourrait faire en sorte que ces fraudeurs aient moins à la base (distribution primaire). Alors plonger plus profond encore dans les conditions de l'exercice du travail, c'est tout simplement impensable.

Timo (@lehollandaisv): "+1 Je pense que je préférerais encore utile un fichier .txt chiffré manuellement en local avec gpg…" / Twitter

J'ai fait ça un temps, avec la double sécurité que mes mots de passe étaient composés de deux parties (une générée aléatoirement, marquée dans le fichier, la seconde un mot de passe « maître » que je suis seul à connaître). Depuis, Keepass. Synchronise facilement, supporté sur toutes les plateformes, y compris le web, et ça empêche pas d'y ajouter quelques mdp maîtres selon les sites. Ça revient au même que le fichier texte, mais ça ajoute le bout d'interface qui manque.

Vous me direz : maintenant que l'on sait ça on va pouvoir trouver plus facilement tes mdp. Je rappelle que de toute manière rien n'est sécurisé au point de pouvoir arrêter une attaque ciblée d'envergure. On est à l'heure où l'on arrête des centrales non-reliées au réseau.

We are living in instant messenger hell

Ce que je constate depuis maintenant un moment : « nous vivons dans un enfer de messageries instantanées ». Pidgin est très très loin d'être la panacée. Sur mobile, c'est pire. Et c'est exactement la même chose avec les réseaux sociaux. J'ai des contacts sur Twitter, Messenger, Mastodon, d'autres encore sur Discord. La gestion des messages est un calvaire. Je suis les réflexions de personnes qui m'intéressent par RSS, Twitter, Facebook, Mastodon, Diaspora, Reddit… Autant d'onglets/apps à ouvrir.

franceinfo - Le nombre de créations d'entreprises a atteint un record en France en 2018

Ce n'est pas nouveau. Depuis 1987 (soit le moment où l'Insee a commencé à compter le nombre de créations d'entreprises) cela ne fait qu'augmenter. Certes, l'on a quelques années des baisses minimes, mais rien qui change durablement la tendance.

Ainsi, on peut titrer chaque année que c'est un record.

2017, un record. https://www.legifiscal.fr/actualites-fiscales/1770-creations-entreprises-7-2017.html https://www.economie.gouv.fr/entreprises/nombre-creation-entreprises-2017

2016, un record. https://www.economie.gouv.fr/entreprises/creation-entreprises-chiffres-2016

C'est même assez amusant d'aller faire une recherche sur l'Insee, les titres se ressemblent beaucoup.

Les créations d'entreprises poursuivent leur hausse en 2006 (Insee Première n° 1120) Un rythme des créations d'entreprises très élevé en 2007 (Insee Première n° 1172) La création d'entreprise en 2009 dopée par les auto-entrepreneurs (Insee Première n° 1277) Hors auto-entreprises, les créations d'entreprises augmentent en 2013 (Insee Première n° 1485)

Si vous allez voir les chiffres de l'Insee, la tendance reste stable depuis au moins 2008. Ça continue de grimper.

Graphique de l'évolution du nombre de créations d'entreprises entre 2008 et 2017

Si vous regardez les données dans leur ensemble, vous remarquez que cette tendance à grimper date à peu près du début des années 2000. Avant, c'est assez stable.

Graphique de l'évolution du nombre de créations d'entreprises en 1987 et 2014

C'est également ce qu'on constate lorsque l'on regarde la part des non-salariés dans les emplois. Avant 2000 les non-salariés ont diminué, sans que ça n'engendre de création d'entreprise (données https://www.insee.fr/fr/statistiques/2424696).

Graphique de la part des non-salariés dans l'emploi

Maintenant si l'on reprend sur les dix dernières années ces mêmes données, là où tout le monde crie à un nouveau record, on voit que passé le boom de 2010-2013 avec les auto-entreprises, la part de non-salariés est stable, voire en baisse (mêmes données).

Graphique où l'on voit une augmentation de 1,5 point de la part de non-salariés entre 2008 et 2013, restant stable au-dessus de 10 % par la suite

Parce que voyez-vous, il ne suffit pas de s'extasier sur un NOMBRE de créations d'entreprises, mais de le rapporter au reste de la population. Cette stabilité peut s'expliquer par une augmentation de la population des actifs qui absorbe la hausse des entreprises, par ex.

Une part importante de cette stabilité peut ainsi s'expliquer par le nombre de fermetures d'entreprises. Il faut mettre ces deux nombres en relation. Je n'ai à ma disposition que le nombre de défaillances (https://www.insee.fr/fr/statistiques/2015359).

Graphique des défaillances d'entreprises qui passe de 45000 en 2000 à plus de 60000 en 2010, restant stable jusqu'à une baisse à 55000 entre 2016 et 2017

Cette baisse des défaillances en 2016-2017 n'explique pas la baisse de la part de non-salariés dans l'emploi durant la même période. Il y a donc d'autres facteurs (cumul d'emplois, fermeture non-liée à une défaillance, etc.).

Il est ainsi intéressant de constater que si le nombre d'emplois a connu une croissance nette depuis 1954, la part d'emploi non-salarié n'a fait que chuter. On est ainsi passé d'une personne sur 5 en 1970 à une personne sur 10 en 2017 (https://www.insee.fr/fr/statistiques/1406901?sommaire=1406870).

« En 1970, plus d'une personne sur cinq ayant un emploi exerçait une activité non-salariée (21 %). En 2014, l'emploi est essentiellement salarié (90 %)

Est-ce un problème ? Pas en soi. Il faut mettre cela en relation avec un fait surprenant : 30% des salariés travaillent pour 243 entreprises. Oui, je répète, presque le tiers des salariés travaille pour moins de 0,005 % des entreprises (j'ai pas déduit les entreprises individuelles)

« 243 grandes entreprises emploient 30 % des salariés … Les 5000 ETI et les 138 000 PME hors microentreprises emploient quant à elles respectivement 22 % et 28 % des salariés. »

(source à lire : https://www.insee.fr/fr/statistiques/1379705)

Ce qui nous fait, en France, que plus du quart de l'emploi est concentré dans 0,005 % des entreprises, du coup.

D'autres chiffres sur le sujet pour vous rendre compte de la concentration : https://www.lemonde.fr/economie/article/2016/11/08/tout-ce-que-vous-avez-toujours-voulu-savoir-sur-les-entreprises-francaises-en-10-chiffres_5027592_3234.html

Il me faudrait bien plus de temps pour exposer l'ensemble de mes recherches (qui ne sont pas terminées, loin de là).

Ce qu'il faut retenir, c'est que d'une part cette augmentation de la création d'entreprises n'est pas nouvelle, mais qu'elle ne contrebalance ni le chômage ni la baisse drastique des indépendants.

Que d'autre part cette baisse des indépendants révèle une concentration extrême du salariat. Que tout cela est une tendance que l'on peut observer sur la longue durée. L'uberisation, cause de la hausse des créations d'entreprises ? C'est l'arbre qui cache la forêt.