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Bon. Une conjecture (« hypothèse » ici) est véridique tant qu'elle n'est pas démontrée fausse. Le billet du pourquoi du matin d'après soirée (mais d'abord café).
En sciences on essaie de casser de la théorie, celles qui tiennent le coup on les garde.
Eh dis donc Jamy, pourquoi qu'on fait comme ça et pas l'inverse ? (oui j'ai appris à imiter Fred avec Ganesh2)
Bah déjà de manière purement logique : il est p*tain de sa mère difficile de démontrer qu'une chose est vraie. J'en veux pour preuve la liste des conjectures mathématiques non-résolues. Nous sommes pour le moment incapables de prouver que c'est vrai. Autre exemple moins mathématique : prouve-moi que la Terre n'est pas plate.
Tu as deux manière de voir le problème : soit tu cherches à prouver qu'elle est une sphère (ce qui est vachement ardu, faut en convenir). Soit tu montres en quoi une Terre plate ne peut pas fonctionner, ce qui est assez simple en fait. Les arguments ne manquent pas.
Bref. Raison numéro 1 : la logique. Il est généralement plus simple de démontrer que quelque chose est faux que de démontrer que c'est vrai.
Donc quand on formule l'hypothèse, on le fait avec la réfutabilité en tête : quels résultats expérimentaux disent que c'est faux.
La raison numéro 2 est plus historique. On s'est rendu compte que l'induction ça fonctionnait moyen en sciences en fait. Qu'on avait même souvent tendance à produire de jolis syllogismes. L'induction c'est ça : on voit un phénomène se répéter, on en généralise une règle.
La vache est un animal à cornes. La vache produit du lait. Tous les animaux à cornes produisent du lait.
Bachelard montre admirablement dans La Formation de l'esprit scientifique que ce genre de méthode a conduit à des absurdités énormes. Ça veut pas dire qu'il ne faut pas utiliser l'induction dans une méthode scientifique. D'une observation on peut élaborer une hypothèse, qu'on tentera à tout prix de démontrer fausse. Et si on y arrive pas, on la prendra comme vraie jusqu'à ce qu'elle tombe sur un os/qu'on en trouvera une qui répond en fait mieux/etc.
Mais comme la plupart des sciences sont contre-intuitives, cette méthode de bâtir l'hypothèse d'abord pour la tester plutôt que de partir des résultats pour la bâtir, c'est ce qu'on a trouvé de mieux pour arriver à des connaissances potables. (La première personne qui vient me dire que les sciences ne sont pas contre-intuitives, je lui demande de m'expliquer en quoi un temps en tant que dimension matérielle soumise à la gravité est intuitif).
En bref, l'être humain est misérable. Il a plein de « tares » (ne me tue pas pour ce terme), il est profondément imparfait. Il est :
- Plus simple de démontrer la fausseté que la vérité.
- Plus simple de déduire que d'induire.
(Le point 2 est d'ailleurs la raison pour laquelle on adore les détectives/polars/policiers, où l'inductif fonctionne à fond, même si Sherlock dit à tort que c'est « une science de la déduction ».)
La méthode scientifique est ainsi bâtie pour palier à ces deux soucis (entre autres). On peut détester ça, mais encore une fois, relire Bachelard donne une idée des écueils dans lesquels on tombe quand on s'en écarte.