Azmar sur Mastodon : @azmar@mastodon.top (@AzmarSG): "On lui dit d'où vient le mot "travail" ? " / Twitter
La première personne qui prononce « tripalium » je lui fais bouffer un dictionnaire d'étymologie.
La première personne qui prononce « tripalium » je lui fais bouffer un dictionnaire d'étymologie.
Perelman, The Invention of Capitalism, p. 17
Avant la révolution industrielle, les paysans arrivaient à subvenir à leurs besoins avec un tiers de congés et jusqu'à la moitié de la production qui part en rentes et taxes.
En 1840 on compte une année de 200 jours de travail chez les paysans irlandais. (Ibid.)
Et en France (ibid., p. 18) :
Donc ouais ça me fait pas mal rire les gueulantes sur les 35h ou les comparaisons foireuses (et fausses) sur les jours fériés de nos voisins européens, mais on a de la chance, on aurait pu être le pays de la semaine de 9 jours de travail...
Bonne vidéo. Il y a néanmoins un point qui me chiffonne. À mon sens, Bentham n'a pas prédit la tendance actuelle, c'est simplement que son utilitarisme est la base morale du système politique anglophone. C'est tout le propos de Rawls, qui veut en corriger les failles.
Devant un tel niveau de bêtise de la part d'un chef de gouvernement, on ne peut que rester sans voix.
Google n'impose rien, il ne « contourne » pas la loi, il ne fait que l'appliquer à la lettre… Ce qui produit très exactement le résultat prédit par tous les observateurs.
Quand je dis « niveau de bêtise », il ne faut pas l'entendre comme « le Premier Ministre est bête ». Il est bien possible que s'engager dans un tel bras de fer grand-guignolesque qui n'aura aucun effet soit une stratégie préparée pour caresser dans le sens du poil les éditeurs. Les mêmes éditeurs de média qui sont les derniers moyens de légitimation d'un gouvernement qui a perdu le soutien de tellement de pans de la population qu'il en est obligé à faire pleuvoir des médailles chez les policiers.
Le discours relève de la bêtise pure, pas nécessairement l'homme qui le prononce, n'oubliez jamais ça.
Labbé c'est un piège aussi certain que Le Livre... Mangeons des pâtes.
Par contre Chirac a pas atteint le journal de 20h que les bouquins dessus sont déjà en place.
Alors en fait le séminaire sur le transhumanisme c'est pas un séminaire sur le transhumanisme mais sur les différents types de discours sur l'avenir à partir du concept d'anthropocène. Le climatosceptique y est analysé de la même manière que l'écomoderniste ou le collapsologue. Et c'est plutôt bienvenu, un peu de nuance à l'ère du ON VA TOUS MOURIR. Je ne me sens bien que lorsque je peux voir la société comme l'on observe une fourmilière, en me disant « mais putain qu'est-ce qu'on est con dans la vie de tous les jours ».
Par contre, ça fait deux articles intéressants que je lis aujourd'hui, tous deux mentionnaient une guerre des classes. Je comprends parfaitement ce besoin de recentrer sur les classes à l'heure où l'on voudrait les effacer. Il ne faut toutefois pas perdre de vue que les luttes de classes ont surtout eu lieu à l'intérieur du capitalisme, non pour en sortir mais comme conflits internes. Le mouvement ouvrier s'est battu pour des idéaux profondément capitalistes, et à de rares exceptions n'a pas pensé une sortie du capitalisme. J'en veux pour preuve que la question principale est celle de la distribution des richesses lorsqu'elle devrait être celle d'une disparition du travail.
C'est un problème profondément enraciné dans le mouvement ouvrier/prolétaire, depuis ses débuts : l'Internationale oppose explicitement les « oisifs » qui « dévalisent le travail » aux « travailleurs » qui sont, eux, « des hommes ». Le travail y est perçu comme relevant de la nature profonde de l'être humain, ce qui le distingue de parasites qui le domine… alors que la semaine de 35h est déjà plus de travail que n'en était imposé aux serfs et aux esclaves des temps jadis.
La lutte des classes, c'était un beau projet, mais ça ne sort pas du capitalisme, il faut penser autre chose. Le problème n'est même pas qu'il y ait des classes. Le problème, c'est la nature expansionniste du capitalisme doublé d'un fétichisme de la marchandise.
Qu'une croissance infinie dans un monde fini soit impossible, on le savait depuis au moins Podolinsky. C'est là la première aberration physique et la démonstration mathématique du capitalisme. Le système même, auquel travailleurs comme capitalistes participent autant, sont tous les deux tout autant responsables si vous voulez distribuer des points, est un monstre. Alors peu importe que le rapport de force soit en faveur de l'un ou de l'autre parti.
Le second point, c'est la contradiction fondamentale du capitalisme : le fétichisme de la marchandise, elle-même cellule germinale de la société. Parce que la marchandise qui s'échange (que ce soit le café que vous achetez au distributeur ou la force de travail que vous vendez en embauchant après ledit café) est fondamentalement unité de deux déterminations contradictoire, il faudrait en sortir.
Je veux dire : vous avez l'impression que ce café ne vaut pas les 50 centimes que vous y mettez. Parce que concrètement ça vaut pas 0,62 % du temps que vous allez travailler aujourd'hui. Vous attribuez une propriété à ce café, alors que sa valeur n'est pas indexée dessus. Sa valeur n'est même pas indexée sur la succession de coûts qu'engendre les différents travaux pour le placer dans vos mains (de la production des graines au design des gobelets en plastique). Non. Elle est indexée sur ce que la société juge comme temps de travail raisonnable pour produire ce café. Du travail abstrait socialement déterminé basant la valeur d'un travail privé concret, que l'on accepte volontiers comme travail privé. Elle est là la contradiction.
Est-ce que les théoriciens de la lutte des classes disent quoi que ce soit sur un quelconque travail abstrait ? Non, c'est jeté aux oubliettes, ce sont des restes métaphysiques d'un Marx trop hégélien… alors que c'est essentiel. Sans comprendre ça, on ne peut comprendre la société marchande capitaliste, les rapports sociaux qui s'y déroulent. On s'y intéresserait, on verrait que s'attaquer à l'argent ne sert pas à grand chose ; une société saine peut faire usage d'argent. C'est au travail qu'il faut s'attaquer, et à la façon dont on détermine la valeur du travail concret.
Bref, le gros du boulot n'est pas dans la lutte des classes, mais dans une critique du travail. Parler de lutte des classes, c'est bien, mais ça ne nous fera pas sortir du désastre social et écologique qu'est le capitalisme, tout au mieux cela ne fera qu'en diminuer (un peu) l'impact… à court terme.
J'veux dire : vous vous êtes jamais demandé comment on est passé du PCF plus gros parti de France à la mentalité selon laquelle les plus défavorisés et exploités étaient des parasites qui volent l'argent de l'honnête travailleur ? Et cela en seulement une décennie, max ? C'est bien beau de tirer sur « Mittrand », le PS ou insérer ici votre cible favorite, mais c'est p'tet qu'à la base la gauche anticapitaliste a oublié de parler de solidarité, de l'oisiveté comme nécessaire et comme but, bref a oublié de construire une alternative.
Il s'agit pas de dire que la droite c'est mieux, il s'agit simplement de faire son auto-critique et d'essayer d'avancer dans une direction qui ne favorisera pas la structure qui nous broie (et non les masques de cette structure comme on le fait si souvent).