Public Sénat (@publicsenat): ""La retraite n'est pas faite pour payer des loisirs à partir d'un certain âge" estime @BasPhilippe . "Elle…" / Twitter

« C'est une équation mathématique ! »

Alors @BasPhilippe il faudra nous expliquer ce qu'est une équation non mathématique et en quoi être mathématique prouve quoi que ce soit. Monsieur le sénateur, je vais vous montrer une équation mathématique.

Ceci est ce que j'ai retenu de mes années de lycée il y a plus de 10 ans. Vous étiez alors ministre des Affaires Sociales.

Cette équation devrait vous être familière. Elle permet de calculer un résultat de x après une croissance y maintenue pendant n années.

Passons à une démonstration mathématique.

Je m’appuierai sur le rapport de la DREES « Les retraités et les retraites » de 2018 portant sur les chiffres de 2016. Si vous en avez de plus récents, nous sommes tous preneurs. https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/retraites_2018.pdf

Nous avons donc en 2016 :

  • 16,1 millions de retraités ;
  • en augmentation chaque année d'environ 150 000 (soyons généreux allons jusqu'à 200 000) ;
  • qui se répartissent 308 milliards d'euros ;
  • soit 13,8 % d'un PIB de 2 228 milliards d'euros ;
  • soit 19 130 € par retraité.

Comme en France nous aimons nous projeter sur 30 ans, je vous propose de calculer la situation en 2050.

Comment le système des retraites devra faire face aux 34 × 200 000 = 6,8 millions nouveaux retraités ?

Comme la revalorisation des retraites se fait au petit bonheur la chance selon les besoins de trésorerie (gel en 2016, 0,1 % en 2015, 0,8 % en 2017), nous prendrons le taux fixé pour 2019 et 2020 de 0,3 %.

C'est là que notre équation entre en jeu. Alors, je n'ai plus les sources en tête, mais les prévisions de croissance jusqu'en 2050 étaient entre 1,6 et 1,7 % aux dernières nouvelles. Admettons un catastrophique 1,5 % sur toute la période. Reprenons notre équation pour calculer le PIB de 2050 :

2 228 × (1 + 0,015)^34 = 3 696 milliards d'euros

Il faudrait donc, en 2050 et par retraité :

19 130 × (1 + 0,003)^34 = 21 181 €

Le total pour 16,1 + 6,8 = 22,9 millions de retraités est donc de 21 181 × 22,9 = 485 milliards d'euros.

Cela paraît beaucoup, mais voici l'astuce : pendant ce temps, le PIB augmente aussi. Oh là là, les retraites pesaient 13,8 % au départ, elles pèsent 13,1 % à l'arrivée malgré les revalorisations et les quelques 7 millions de retraités supplémentaires ! Vite, il faut réformer, les retraites pèseront beaucoup trop sur notre économie dans 30 ans !

Nous avons donc en 2050 :

  • 22,9 millions de retraités ;
  • qui se répartissent 485 milliards d'euros ;
  • soit 13,1 % d'un PIB de 3 696 milliards d'euros ;
  • soit 21 181 € par retraité.

Mais vous savez aussi que depuis votre sortie de fonction les revalorisations sont en-deça de l'inflation. Autrement dit, admettre cela, c'est également admettre la baisse du niveau de vie des retraités orchestrée par l'État.

Voilà, Monsieur, je viens de vous démontrer mathématiquement qu'il n'y avait pas de problème de financement des retraites. Néanmoins vous pourriez m'adresser deux objections.

La première, c'est que la revalorisation des retraites est très en-deça de l'inflation. Il est vrai que depuis 2014 la revalorisation n'équivaut plus à celle de votre époque de ministre. Or, je vous rappelle le rapport de la DREES : le niveau de vie des retraités est supérieur à celui de l'ensemble de la population.

Admettre une baisse du niveau de vie des retraités, c'est donc admettre en même temps une baisse du niveau de vie général. Cela nous amène à votre seconde objection possible. La fameuse équation mathématique dont vous parlez serait celle du rapport cotisants/retraités. Le nombre de retraités augmentant, nous serions en passe d'arriver à une pénurie de cotisants, si je suis bien votre argumentation. Comme je viens de le démontrer mathématiquement, nous aurons besoin d'une fraction similaire des richesses produites pour subvenir aux besoins de l'augmentation des retraités.

Donc de deux choses l'une :

  • ou bien l'on augmente les salaires et ainsi les cotisations à proportion de la croissance ;
  • ou bien l'on va chercher les cotisations là où la richesse est perçue et non plus produite.

C'est un « ou bien » inclusif, bien entendu. Si nous manquons de cotisants, c'est donc que la part des richesses revenant aux cotisants n'est pas répartie correctement. Ce qui revient à dire, comme nous l'avons vu avec la première objection, que le niveau de vie de la population active est en baisse. Formuler ces deux objections revient ainsi à affirmer qu'une reforme dans la distribution des richesses est nécessaire puisque la distribution actuelle entraîne l'enrichissement d'un petit nombre qui ne profite pas au plus grand nombre. Je souhaite bien du courage à un quelconque Républicain osant avancer une telle proposition que d'aucun qualifierait de communiste voire d'extrême gauche.

Vous noterez, Monsieur @BasPhilippe que la force de mon argumentation mathématique repose entièrement sur la valeur que vous placez dans le terme « mathématique ». Admettriez-vous une valeur moindre, je suis disposé à débattre de ma démonstration.

¯\_(ツ)_/¯ (@zefede): "Le choix du verbe "bénéficier" est intéressant" / Twitter

Alors, ça doit être en France au vu de l'illustration. Ce qui est intéressant, c'est que la France est la championne européenne du présentéisme, avec 62 % de salariés se rendant au travail en étant malades.

Source : https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2019/01/11/le-presenteisme-au-travail-ou-les-stakhanovistes-de-la-pendule_5407865_4497916.html

On commence par une définition :

Extrait de Wikipédia : « Dans sa définition classique, le taux de présentéisme représente le nombre de présents effectifs rapporté au nombre de présents attendu. Ce taux est complémentaire à 100 % du taux d'absentéisme (c'est-à-dire que la somme de ces deux taux vaut 100 %). »

L'article du Monde est réservé aux abonnés mais je l'ai dans mon Wallabag donc voici les points intéressants :

Alors qu'on imagine facilement la France comme un repaire de tire-au-flanc vindicatifs, c'est au contraire le pays qui a le plus fort taux de présentéisme en Europe. D'après une étude Loudhouse pour Fellowes, 62 % des salariés vont au travail même lorsqu'ils sont malades. […] En 2018, 23 % des salariés ont renoncé à prendre l'arrêt de travail prescrit par leur médecin, alors qu'ils n'étaient que 19 % en 2016 (étude Malakoff Médéric, 2018).

Autrement dit, si un français sur deux a bénéficié d'un arrêt maladie, 23 % d'entre eux est quand même allé travailler malgré ça. Au total, près des deux tiers des français vont travailler malgré qu'ils devraient rester au lit. Ce qui est un problème, vous en conviendrez, puisque cela représente une perte de productivité qui coûterait plus cher aux entreprises que l'absentéisme.

Conséquence directe de cette baisse de productivité, le présentéisme coûterait plus cher aux employeurs que l'absentéisme. D'après une étude américaine, l'excès de zèle des employé⋅es ferait perdre chaque année plus de 225 milliards d'euros aux entreprises.

Source : http://www.slate.fr/story/175776/presenteisme-travailler-maladie-productivite-cout-entreprises

On voit là la morale du travail qui est factuellement un problème, et même si l'on blâme le libre-arbitre des salariés et non la pression qui leur est mise, force est de constater que des articles comme ceux du début de thread participent au problème. Notons également, comme le fait Slate, que les maladies mentales sont particulièrement invisibilisées.

Bref, je peux citer des textes remontant jusqu'au XIXe siècle montrant que cette morale du travail est nuisible, mais il restera toujours des Jean-Michel CSP+ pour l'alimenter par l'argument de l'absentéisme...

François Carpita 🐝💧 🍓🍆🧹🐢🦧 (@francoiscarpit1): "Réaliser un combo #UPR, #FrancaisDeSouche, #RN c'est un joli coup @anatolium ! Chapeau bas!👍 Bonne chance pour les ventes à venir... 😉" / Twitter

Ce que j'aime beaucoup, c'est qu'aucun n'a la bonne version, jusqu'aux modalités de l'entretien : un coup c'est au téléphone, un autre c'est au siège d'EM mais « secret » (bon il y avait des salariés d'Ecopla et l'enregistrement a été diffusé sur RadioNova, mais c'est secret…).

Car oui, c'est dispo depuis le début ici : https://nova.fr/radionova/65447/episode-qg-de-campagne-numero-1

Le segment en question se trouve à peu près à 20-25 min (difficile de juger avec le lecteur de RadioNova, mais vous pouvez le retrouver ici : https://soundcloud.com/user-807047011/ruffin-parle-des-ecopla-avec-macron-complet)

Tweets de Juan Branco : « Fasciné par l'inversion accusatoire de @Francois_Ruffin. Mettre en scène devant le grand public une fausse confrontation avec Macron, au détriment des salariés qui n'y ont rien à gagner - arriver à faire croire que c'est en face que se trouve la manipulation. J'ai relevé les enregistrements, pas le montage du journaliste auquel tout le monde accès et que j'ai moi même mentionné. Qu'est ce que cela change à la mise en scène de Ruffin et Macron devant les caméras ? »

Remarquez la rhétorique de Branco : « qu'est-ce que cela change à la mise en scène de Ruffin et Macron ». C'est pas la question mon petit, et tu le sais : le commentaire de la journaliste donne le contexte et les raisons de la mascarade.

T'es pris le doigt dans le pot et tu accuses le pot. Le pot est pas propre, certes, mais c'est pas le sujet.

« Au détriment des salariés qui n'y ont rien à gagner ». Bah si tu avais laissé le commentaire, justement… La stratégie y est expliquée. Elle a échoué.

Note

Donc si on fait le calcul, il faudrait avoir été payé plus de 7700 € de l'heure en travaillant en 35 h légales françaises depuis le début de l'agriculture humaine pour espérer approcher la fortune de Bernard Arnault. Tout ça sans taxe, sans manger, sans rien. Je sais pas pourquoi, cette histoire d'accumulation chrématistique me rappelle les Spartiates avant le IIIe av. J-C qui utilisaient des barres de fer pour justement éviter cela. (Si l'on fait des approximations à l'emporte-pièce, il fallait une brouette pour transporter l'équivalent de deux cours de sophistique tellement c'était lourd. Imaginez devoir prendre un sac à dos pour aller payer un avocat, vous comprendrez que c'est compliqué d'amasser…)