« Une allocation d’autonomie pour les étudiants n’aurait rien d’une utopie budgétaire » - Le Monde

Dans un monde où l'étudiant est devenu le produit d'une université — et non son client —, il paraît logique de faire payer les bénéficiaires d'un tel produit : les entreprises, à hauteur de leur nombre d'employés. Comme les 20 milliards de CICE bénéficiaient à moitié aux plus grandes entreprises, voilà notre budget : 10 milliards d'euros, à diviser entre les 2,7 millions d'étudiants. Voilà. 3700 € annuels supplémentaires sans toucher aux bourses.

Une autre question ?

Note

J'adore le site de l'Unedic. Genre vraiment, il me fait marrer. Cette page en particulier : https://www.unedic.org/a-propos/comprendre-le-financement-de-lassurance-chomage

La pédagogie employée est exemplaire. On y « apprend » que l'Assurance chômage ne finance pas que les cotisations, mais également les retraites et Pôle emploi :

S'ensuit un petit diagramme tout mignon tout plein. Regardez, il y a bien un déficit ! 37,8 milliards de recettes pour 40,8 milliards de recettes, il y a un problème, non ?

Notez que ça date de juin 2019.

Alors d'où vient le déficit ? C'est justement le paragraphe suivant :

Ah là là c'est la faute à pas de chance c'est la conjoncture économique ma p'tite dame, et pis les « partenaires sociaux » font tout pour les pauvres salariés et PME…

D'ailleurs c'est à partir de 2009 que ça a commencé à être déficitaire, crise économique tout ça…

« Cette gestion, inscrite sur le moyen terme, a pour conséquence depuis 2009 un déficit annuel et une dette croissante, après 3 années d'excédents entre 2006 et 2008. »

Alors moi regardez je suis un peu magicien, je propose de rendre l'Assurance chômage excédentaire again. Il suffit d'une chose : supprimer Pôle emploi, ou ne pas faire peser son budget sur celui de l'Assurance chômage. Regardez c'est magique : Pôle emploi est financé à 3,4 milliards. 40,8 - 3,4 = 37,4 milliards ! Il nous reste même 400 millions à mettre de côté dans une caisse en cas de coup dur comme… je sais pas moi… une suppression des cotisations salariales par exemple. Parce que c'est bien beau de blâmer la crise économique de 2008, dont le krach date de l'automne, mais dix ans après ?

La création de Pôle emploi ? 20 décembre 2008.

« Pôle emploi… créé le 20 décembre 2008 »

Mais ce doit être un hasard du calendrier, simple coïncidence, qu'un truc qu'on ajoute au budget sans augmenter les cotisations rende le budget déficitaire dix années de suite. Et l'Unedic de se montrer confiante dans un excédent prévu en 2021 grâce à… la transformation du CICE en baisse de cotisations. Faut vraiment pas trembler des genoux pour la sortir celle-là (https://www.lefigaro.fr/flash-eco/retour-dans-le-vert-des-comptes-de-l-unedic-retarde-a-2021-20190326).

(On rappelle au passage que les cotisations patronales font partie des salaires, le prix qu'un patron doit payer pour user d'une force de travail… Le CICE sous cette forme est ainsi un vol sur les salaires, mais apparemment ça ne choque personne.)

M'enfin, ça n'étonnera plus personne vu que l'Unedic est noyautée par le patronat. Le dernier président de l'Unedic qui ne soit ni Medef ni CFDT remonte… à 1990. Juste trente ans qu'on nous fait croire à une démocratie, que c'est paritaire, etc.

Donc retour sur la fusion ANPE-Assedic qui a créé Pôle emploi.

11 janvier 2007. Le bureau de l’Unédic, à l'unanimité, « exclut toute fusion avec l'ANPE » demandée par Jean-Louis Borloo (mais annoncée par Jacques Chirac, à l'origine de l'ANPE). https://www.nouvelobs.com/societe/social/20070111.OBS6619/l-unedic-excluttoute-fusion-avec-l-anpe.html

Son directeur général, Jean-Pierre Revoil, non-partisan, démissionne le 6 février (https://www.actuchomage.org/200702072505/Social-economie-et-politique/Jean-Pierre-Revoil-quitte-l-Unedic.html).

C'est Jean-Luc Bérard qui est poussé par le Medef à prendre la place. « L'homme lige du Medef » comme on l'appelle.

Ce qui permet à un Nicolas Sarkozy tout juste élu d'annoncer la fusion tant convoitée.

La réforme est mise en œuvre dans l'année 2008, actée par une loi de février 2008. Qui dirigera ? On murmure le nom de Muriel Pénicaud (!), mais ce sera Christian Charpy, ex-directeur de l'ANPE. Qui empochera une augmentation de 45 000 € annuels de sa rémunération au passage (https://www.lemonde.fr/societe/article/2008/01/08/assedic-anpe-une-laborieuse-fusion_996977_3224.html).

On savait de longue date que ce charmant directeur arrosait ses subordonnés les plus hauts placés. Si vous avez déjà joué à Crusader Kings 2, vous savez ce que ça signifie (https://www.liberation.fr/futurs/2009/01/07/45000-euros-annuels-d-augmentation-pour-le-directeur-de-pole-emploi_300817).

Je ne suis pas en train de dire que c'était délibéré, mais la volonté d'assurer un budget stable malgré la fusion semble peu présente lorsque l'on nomme un directeur quelque peu dépensier (+ 18 % de salaire par agent entre 2009 et 2011, par exemple). Il sera remplacé en 2011 par Jean Bassères, un ancien chef de l'Inspection général des Finances. Cela ne l'empêchera pas d'être épinglé en 2015 par la Cour des comptes (https://www.challenges.fr/challenges-soir/la-cour-des-comptes-pointe-la-gestion-de-pole-emploi_76728).

En tout, entre 2009 et 2014, on voit une augmentation de 33 % des coûts de personnels et de 11 % des charges d'exploitation, principalement prise sur l'Assurance chômage.

Le rapport est là : https://www.ccomptes.fr/sites/default/files/EzPublish/20150702-rapport-Pole-emploi.pdf

(On note au passage que la CC a fait une coquille qui sera reprise telle quelle dans les différents médias : c'est une augmentation de 158 %…)

Si on résume ce rapport : Pôle emploi coûte une blinde, n'est pas efficace dans la majorité des cas. Ces coûts sont portés sur de l'accompagnement d'une minorité, qui n'obtient pas de meilleurs résultats que la majorité. La Cour des Comptes note ainsi le peu d'efficacité de Pôle emploi dans sa mission première. Autres morceaux choisis.

Donc Pôle emploi plombe le budget de l'Assurance chômage pour un résultat qui pourrait être obtenu avec un simple site internet type Indeed. Je schématise beaucoup, mais l'idée est là. Voilà ce que dit en substance la Cour des Comptes.

Timo (@lehollandaisv): "Le reste, que ce soit la respiration (humaine ou animale), le biogaz, ou brûler un arbre n'est pas émetteur net de CO2. Par contre…" / Twitter

Ça me rappelle un truc.

Vous voulez capturer du CO2 ? Construisez des bibliothèques. Le papier est composé de cellulose, un polymère de D-glucose fabriqué par photosynthèse à partir de CO2 et d'H2O.

Abattre un arbre n'est pas un problème, le brûler si.